Aides aux vacances : un nouveau départ pour les bénéficiaires ?

Quels sont les effets des vacances sur les familles en difficulté ? L’étude menée à la demande de la caisse nationale des allocations familiales (CNAF) auprès de bénéficiaires de l’aide aux vacances sociales (AVS) éclaire cette question (1). Depuis les années 1990, le taux de départ des familles les plus défavorisées ne cesse de baisser avec une dégradation assez nette depuis 2007. Les freins sont d’abord liés à la pauvreté des ménages et à l’instabilité des situations professionnelles, sociales et familiales. Mais à ces difficultés s’ajoute l’inexpérience des familles : construire un projet de vacances, savoir où et comment partir, prévoir le budget nécessaire, ne vont pas forcément de soi. Or, souligne la CNAF, en dehors des objectifs de justice sociale et de solidarité, ce temps est nécessaire car il est « propice au resserrement des liens familiaux et sociaux ».

Des entretiens individuels ont été conduits auprès de 80 familles du Bas-Rhin et de la Gironde ayant bénéficié d’un accompagnement, parties durant l’été 2011 ou préparant un départ pour 2012. L’objectif de l’étude était d’adapter le niveau et le type d’accompagnement afin que les apprentissages issus de l’aide aux vacances sociales puissent être consolidés et capitalisés.

Dans neuf cas sur dix, il s’agit de mères seules avec enfant (s). Le départ en vacances est pour elles un projet difficile, déstabilisant, qui les met en situation de stress et de tension. Il n’est le plus souvent envisagé qu’à la suite d’une recommandation, parfois très appuyée, d’un tiers prescripteur (travailleur social le plus souvent, ami ou parfois membre de la famille). Le niveau d’accompagnement varie en fonction du degré d’autonomie de la famille et des objectifs du dispositif dans lequel elle est inscrite. Dans certains cas, l’accompagnement doit être total, et l’ensemble des aspects matériels sont gérés par le travailleur social ou par la structure (stratégie d’épargne, choix des destinations, réservation, organisation des déplacements, check-list pour les valises…). Pour les familles plus autonomes, ce soutien se construit dans une logique de co-élaboration.

Les effets des vacances sont nombreux, affirme la CNAF. D’abord, partir, pour des mères isolées, est source de « fierté ». Pouvoir « offrir » des vacances à leur enfant est déculpabilisant, rassurant et, parfois, source de revalorisation de l’image qu’elles ont d’elles-mêmes. Chez d’autres bénéficiaires, les vacances sont vécues comme un temps de réflexion. Ils parlent de « nouveau souffle », de « ressourcement », « d’un avant et d’un après le départ ». Les entretiens montrent que les femmes sont, à leur retour, nombreuses à envisager une formation, une participation aux activités proposées dans leur quartier, le développement de leur tissu relationnel.

Le séjour peut aussi être l’occasion de nouveaux apprentissages et compétences. Pour les bénéficiaires les plus autonomes, les effets les plus perceptibles se manifestent essentiellement par le développement de leur « capital de mobilité » : les vacances viennent bousculer le quotidien et les amènent à élargir leur champ spatial. Par ailleurs, chez certaines familles, le départ permet l’apprentissage de compétences pratiques permettant de se déplacer: recherche d’informations (horaires, prix, trajets), choix du meilleur mode de transport…