L’outil « Pathos », qui permet de mesurer les besoins de soins des résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des unités de soins de longue durée (USLD), donne une « relative satisfaction » aux acteurs. C’est le constat posé par le comité scientifique des référentiels « AGGIR » et « Pathos », présidé par le professeur Jean-Luc Novella, dans un rapport remis à la ministre des Affaires sociales et de la Santé pendant l’été. Les fédérations gestionnaires d’établissements ne souhaitent pas changer d’outil mais attendent des améliorations, souligne le comité, qui formule d’ailleurs plusieurs propositions en ce sens.
A l’origine, « Pathos » est un référentiel descriptif gériatrique qui permet de retracer les états pathologiques et le besoin de soins des personnes âgées de plus de 60 ans vivant en institution. Depuis sa conception en 1997, la situation des résidents d’EHPAD a évolué : moyenne d’âge d’entrée en institution en augmentation (85 ans), accueil croissant de personnes « jeunes » (moins de 65 ans) et de personnes handicapées vieillissantes. Les pratiques médicales ont également connu des modifications profondes, notamment en termes de prise en charge de la douleur ou d’accompagnement de la fin de vie. Ces changements nécessitent donc d’actualiser les ordonnances qui ont servi à créer « Pathos » ainsi que les règles de codage.
Par ailleurs, le référentiel ne prend pas suffisamment en compte la prévention, le risque de dénutrition des personnes âgées et les troubles du comportement, estime le comité. Pour ce qui concerne la prévention, il reconnaît qu’il serait « plus efficient » d’envisager une enveloppe spécifique pour financer les actions de l’établissement dans ce domaine. En matière de nutrition, il relève que la sensibilisation et la formation des médecins à cette problématique devraient permettre une amélioration du codage dans « Pathos ». Et, s’agissant des troubles du comportement, il préconise le recours à un autre outil, le NPI-ES (inventaire neuropsychiatrique pour équipe soignante) utilisé pour déterminer l’admissibilité en unités spécifiques pour malades d’Alzheimer.
A partir de 2007, le référentiel « Pathos » est en outre devenu un outil de tarification pour calculer la dotation « soins » des EHPAD et des ULSD, rappelle le rapport. Au cœur des négociations entre les établissements et les agences régionales de santé (ARS), « ce dispositif risque de conduire les évaluateurs à surcoter et symétriquement les valideurs à sous-coter ». Selon le comité, les incompréhensions entre les utilisateurs sont liées davantage à la procédure qu’à l’outil lui-même. C’est pourquoi il appelle à revoir la fréquence des coupes transversales (1), actuellement pratiquées tous les cinq ans, en prévoyant une coupe supplémentaire à mi-parcours de la convention tripartite, soit tous les deux ans et demi. En outre, estimant que le processus de validation des coupes par les ARS est « lourd », il suggère que la validation supplémentaire à mi-parcours se fasse « sur une base déclarative automatisée avec validation tacite ».
Enfin, le comité considère que l’outil « Pathos » ne doit pas être qu’un instrument de tarification mais aussi un outil de planification et de pilotage. « En tout état de cause », il plaide pour un « couplage » des procédures « Aggir » (qui sert à mesurer la dépendance moyenne des résidents) et « Pathos ».
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(1) La coupe transversale – dite coupe « Pathos » – consiste à sélectionner des groupes de patients par groupes iso-ressources et à analyser, grâce au référentiel « Pathos », leurs charges en soins supportées par l’assurance maladie. Elle est réalisée par le médecin coordonnateur de l’établissement et transmise pour contrôle à l’ARS.