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Le dessin, pour dépasser les clichés

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« Ici, c’est trop grand. Les gens se côtoient pas, c’est décevant. On parle aux gens de notre famille, à nos amis, mais pas aux gens des autres emplacements. Dans le temps, les voyageurs étaient unis. Mais maintenant que la vie a évolué, que le confort a évolué… » L’homme au chapeau affirme que lui n’a pas changé, il a gardé son âme de voyageur. Mais comme les autres témoins de la BD-reportage Les gens du lieu. Portraits de familles de voyageurs en Essonne illustrée par Julien Revenu, l’homme au chapeau est nostalgique et pense, de plus en plus, à se sédentariser. La bande dessinée propose cinq autres récits donnant à comprendre certains aspects de la vie en caravane en région parisienne. Elle permet surtout d’aborder la diversité des situations et des identités. « Ce projet est né en 2010 du constat d’une méconnaissance des situations des gens du voyage de la part du grand public comme des travailleurs sociaux, mais aussi du non-respect de leurs droits fondamentaux », retrace Jérôme Burcklen, chargé du pôle habitat à la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les gens du voyage (Fnasat). Le résultat est une œuvre ludique, non militante, qui suscite l’empathie sur des sujets tels que les expulsions, le titre de circulation, l’accès aux droits, la scolarité des enfants… Même le jeune bédéiste Julien Revenu avoue que le recueil des témoignages lors d’entretiens dans les caravanes l’a amené à « dépasser certains clichés ». Le dessinateur a conservé l’anonymat de tous les participants tout en dessinant leur visage, leur intérieur. Son travail est présenté sous forme d’exposition, qui peut circuler de lieu en lieu. Outre les planches accrochées, des carnets de circulation sont exposés, ainsi que des copies de lettres administratives – comme celle du maire de Brie-Comte-Robert, qui refuse le branchement provisoire d’une ligne de téléphone sur la parcelle qu’occupe une famille tsigane ! C’est ce que les gens du voyage regrettent le plus, comprend-on au fil des planches : ne pas être traités comme les autres Français. On leur débranche l’électricité en plein hiver, on leur refuse des crédits quand on apprend qu’ils sont voyageurs, ils ont difficilement accès aux logements sociaux, leurs besoins ne sont pas pris en compte dans les planifications urbaines…

Les gens du lieu

Julien Revenu – Contact : documentation@fnasat.asso.fr

Culture

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