La loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie renforce l’attention portée aux parcours et un euro sur deux dépensés en formation dans la branche sert à financer une formation qualifiante. Or, nous nous sommes aperçus que la prise en compte de ces trajectoires constituaient un point aveugle dans l’anticipation des besoins en formation de l’enquête Emploi de 2007. En 2009, lors d’une rencontre réunissant le Céreq, la DARES et le réseau des Carif-Oref (2), des représentants de la branche, d’Unifaf et de son observatoire ont donc exprimé leur souhait de mener des travaux sur la mobilité à l’échelle régionale, en se concentrant sur des territoires en tension. Un groupe de travail a été constitué avec l’observatoire d’Unifaf, les trois Oref de l’arc alpin (Franche-Comté, Rhône-Alpes, PACA), l’Oref Languedoc-Roussillon et le laboratoire ART-DEV, centre associé au Céreq de Montpellier. Une enquête qualitative a été menée auprès de 30 directeurs d’établissement sanitaires et sociaux, 30 représentants du personnel et 80 salariés parvenus au milieu de leur carrière professionnelle, dans le secteur de la dépendance et de la protection de l’enfance (3).
L’étude rend effectivement compte, sachant que la France connaît une faible culture de la mobilité, d’une certaine cohérence entre les projets de vie personnelle et professionnelle, essentiellement à l’échelle du territoire. Pendant ces 30 dernières années, le secteur sanitaire et social a en outre connu une période de croissance et de plein emploi, que l’on peut appeler ses « trente glorieuses », qui a favorisé les démarches de qualification professionnelle, notamment pour satisfaire les besoins d’encadrement. La « normalisation » du secteur, notamment depuis la loi du 2 janvier 2002, a également stimulé les mouvements de qualification. La validation des acquis de l’expérience en est un vecteur important, même si elle ne s’accompagne pas toujours d’une mobilité « ascendante ».
On est désormais dans un système contraint sur le plan budgétaire. Dans le même temps, l’emploi a marqué le pas dans un secteur qui continue d’attirer des candidats, qui arrivent plus diplômés dans certains métiers. L’enjeu est donc de répondre à l’évolution des besoins des usagers en adaptant les qualifications et les organisations de travail, tout en sécurisant les parcours professionnels. Il s’agit aussi de fidéliser les salariés et de prévenir l’usure professionnelle.
Favoriser et soutenir la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences à l’échelle des territoires, à l’image de ce qui a été initié en Rhône-Alpes. Dans les zones rurales, notamment, où le développement d’une offre de formation professionnelle est plus difficile, la réponse aux besoins de formation pourrait être mutualisée. Là où la question du recrutement et de la fidélisation des salariés est liée à des enjeux de développement local, les réponses doivent faire l’objet de discussions avec l’ensemble des acteurs politiques et économiques locaux. Enfin, il faut aussi voir comment, à travers le congé individuel de formation, les passerelles entre secteurs ayant des convergences sont possibles. Nous allons continuer à explorer ces pistes dans le cadre d’une convention-cadre avec le réseau des Carif-Oref. L’enquête Emploi de 2012, dont les résultats seront connus début 2013, donnera par ailleurs des indications précieuses sur les besoins, tant à l’échelle nationale que régionale et mesurera les écarts et les tendances depuis 2007.
(1) « Regards croisés sur les mobilités » – Disponible sur
(2) Observatoires régionaux de l’emploi et de la formation.
(3) Occupant, pour les métiers éducatifs, des emplois d’aide médico-psychologique, de moniteur éducateur, d’éducateur spécialisé ou d’éducateur technique spécialisé. Des infirmiers et aide-soignant ont aussi été interrogés.