Foisonnantes et stimulantes : les contributions proposées par le Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (GEPSo) donnent largement matière à penser. Au cœur des débats, la notion de performance fait consensus à son encontre. Comme le souligne Vincent Meyer, sociologue, maître d’œuvre de cet ouvrage, les textes réunis s’inscrivent tous en réaction face à « la déferlante évaluative et performative qui a caractérisé l’évolution du secteur social et médico-social ces dix dernières années ». Dans cette perspective, la performance serait « l’ennemi à abattre », ironise Michel Legros, vice-président du conseil des formations de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), tout en reconnaissant le poids des dérives gestionnaires. Face à elles, les travailleurs sociaux n’ont « rien à opposer, sinon la charge subjective inhérente à leurs pratiques de la relation », estiment les sociologues Nicolas Amadio et Myriam Klinger, qui pointent le malaise d’avoir concilié « les injonctions à la performance et les souffrances des usagers ». Ainsi en arrive-t-on à la situation décrite par Marcel Jaeger, titulaire de la chaire de travail social du CNAM : les garants du bien-être des bénéficiaires de l’action sociale « se retrouvent aussi malheureux que les personnes en difficulté qu’ils accompagnent ». De fait, l’épuisement est un risque auquel les intervenants très exigeants vis-à-vis d’eux-mêmes semblent particulièrement exposés. Or, au nom même de la recherche de qualité, on devrait éviter de « rendre “hors d’usage” des professionnels jusqu’alors mus par une grande volonté de bien faire », met en garde Jean-Marie Clément, ancien membre de l’IGAS.
2002-2012 : performance, sens et usure dans les pratiques des professionnels en travail social
Sous la direction de Vincent Meyer – Ed. Les Etudes hospitalières – 42 €