Attention, âmes sensibles s’abstenir. Dans ce polar très noir, aux pages parfois violentes ou cyniques, il est question de handicap, de souffrance, de mort et de sexe – beaucoup de sexe. Charles, paraplégique de naissance, et Jeff, amputé des deux mains, alias Mutant et Pingouin, sont entraînés par le directeur de leur atelier protégé dans l’enquête sur la mystérieuse disparition de deux jeunes filles dans un centre de rééducation. Contraints de s’immerger à nouveau, sous le prétexte d’un stage, dans cet établissement qu’ils ont fréquenté autrefois, ils vont croiser la route d’une jeune nymphomane en fauteuil, d’une éducatrice belge, d’adolescents esseulés et d’un « psychopathe hors norme ». Prodigue en rebondissements et en personnages fouillés, Le panthéon des maudits est le premier roman de Charly Abergel, paraplégique de naissance, ancien chef d’entreprise, président d’associations ou encore rédacteur en chef de l’ex-magazine spécialisé Handy Fun, qui ambitionnait de faire changer le regard sur le handicap. Fiction alimentée « de choses qui peuvent être vraies mais qui ne le sont pas… et vice versa », ce polar est aussi un plaidoyer en faveur d’une véritable acceptation des personnes handicapées par la société. Mettant en scène des existences entières enfermées au sein d’institutions, caricaturant le milieu du travail protégé pour en dénoncer les travers, brisant le tabou d’une sexualité qu’on préfère ignorer, il s’achève sur un court texte en forme de manifeste dans lequel l’auteur exhorte les personnes handicapées à ne pas se cacher derrière « le masque du mensonge » pour correspondre aux attentes de la société, mais à « vivre pleinement et en harmonie avec elles-mêmes ».
Le panthéon des maudits
Charly Abergel – Ed. Jets d’encre – 23 €