Bien que la santé relève des compétences de l’Etat, les élus et les responsables locaux « ne sauraient et ne devraient se désintéresser de cette problématique », estime le Conseil national des villes (CNV) dans une note d’orientations adoptée le 12 octobre (1). Il recommande notamment d’intégrer « un chapitre sanitaire assez complet » dans les futurs contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) (2).
Certes, les coûts potentiels dans une période d’incertitude sur les budgets des communes sont un frein mais « l’inquiétude financière ne doit plus faire obstacle, à elle seule, à l’impérieuse nécessité de prendre ce sujet “à bras le corps” », plaide le CNV. Rappelant que « les inégalités sanitaires coïncident la plupart du temps avec les inégalités territoriales », il souligne que les élus sont « directement » concernés par la question de la santé mentale dans le cadre des soins sous contrainte, lesquels résultent « souvent » de l’échec de la prévention. Le CNV recommande donc de prévoir un « volet spécial en santé mentale » dans les CUCS. « La souffrance psycho-sociale est la thématique la plus importante rapportée par les habitants dans les ateliers santé ville », pointe-il encore. Et, « si les troubles psychiques peuvent concerner tout un chacun, les personnes en difficultés sociales sont particulièrement touchées ». Pour lui, il faut donc « redéfinir le territoire de la psychiatrie en tenant compte des déterminants de santé des populations et affecter les moyens dans ce cadre ». Le CNV demande en outre à être associé à la préparation d’une « grande loi de santé publique en santé mentale qui tiendrait enfin compte des besoins locaux, de proximité des populations concernées, dans un but de prévention et d’accès à des soins et de “dé-stigmatisation”, ainsi que de développement de services “à la porte” pour les personnes en situation de handicap psychique » (3). Il propose également de dresser un premier bilan du plan « psychiatrie et santé mentale » 2011-2015 (4), des ateliers santé ville et des contrats locaux de santé. Et recommande d’optimiser l’accès aux droits avec la mise en place d’une couverture maladie universelle « élargie » ou la généralisation de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé. Il faut aussi lever les freins socio-culturels du non recours aux soins (adaptations des structures de santé aux populations précaires, approche communataire…), plaide-t-il. Le CNV, qui va poursuivre ses travaux sur ces questions, souhaiterait être davantage saisi par les ministères concernés.
(1) Disp sur
(2) Rappelons que les actuels CUCS ont été prolongés jusqu’en 2014 et que la santé fait partie des cinq champs prioritaires de ces dispositifs.
(3) Le président de la République vient justement d’annoncer une nouvelle loi sur la santé publique pour 2013, qui pourrait intégrer un volet « psychiatrie » (voir ce numéro, p. 10).
(4) Voir ASH n° 2749 du 2-03-12, p. 5.