« Ma priorité, c’est l’accès de tous aux soins », a martelé le président de la République en intervenant, le 20 octobre, au 40e congrès de la Mutualité française, alors même que les négociations sur l’encadrement des dépassements d’honoraires étaient en cours (1). Il a profité de cette occasion pour présenter ses pistes en vue d’améliorer la couverture complémentaire santé des assurés et la politique de santé publique.
François Hollande a proposé de « généraliser, à l’horizon 2017, l’accès à une couverture complémentaire de qualité ». Il ne s’agira pas de créer une obligation d’assurance, a-t-il précisé, mais de passer par l’incitation. S’agissant de l’aide à l’acquisition d’une couverture complémentaire santé, « elle est si compliquée, elle est si lourde, que seuls 650 000 [des assurés les plus modestes auxquels l’aide s’adresse] la perçoivent alors que 4 millions pourraient en bénéficier ». Dans le même temps, s’est agacé le président de la République, l’Etat a déboursé plus de 4 milliards d’euros d’aides fiscales et sociales à l’acquisition d’une mutuelle. Des aides qui, a-t-il déploré, ont finalement plus profité aux cadres et aux salariés à temps partiel qu’aux chômeurs et aux retraités qui, eux, « ont les plus grandes difficultés à s’offrir une complémentaire santé ». « C’est à la fois un gâchis financier […] et une injustice sociale inacceptable ». C’est pourquoi il a demandé à son gouvernement de « réorienter ces aides pour en élargir le nombre de bénéficiaires ». Dans cet esprit, il a indiqué que la fiscalité des assurances complémentaires serait revue « afin que les contrats dits “responsables” [2], qu’ils soient individuels ou collectifs, deviennent véritablement attractifs ». « Faut-il encore que les contrats soient tous véritablement responsables, c’est-à-dire qu’ils garantissent, sans discrimination d’âge ou de situation de santé, les patients ou les futurs patients ; qu’ils permettent un large niveau de couverture et, dans le même temps, qu’ils maîtrisent autant qu’il est possible les dépenses », a souligné le chef de l’Etat qui a indiqué avoir confié ce chantier à la Mutualité française. Les propositions de cette dernière pourraient être traduites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014. Parallèlement, François Hollande souhaite que le contenu des contrats soit amélioré pour favoriser les parcours de soins et permettre un meilleur remboursement des soins optiques et dentaires.
Pour le chef de l’Etat, « une politique de santé publique, c’est d’abord la prévention », un domaine dans lequel la France continue, selon lui, d’accuser un « retard évident ». Notre politique de santé publique est aussi « trop générale », a affirmé François Hollande, estimant que, « à force de vouloir tout prévenir, on n’empêche rien ». Il souhaite donc que cette politique soit mieux ciblée et plus cohérente. Et, pour lui, « l’essentiel, c’est d’aller vers les jeunes pour éviter certains comportements ». Il s’agit par exemple de mieux lutter contre l’obésité, les addictions – au-delà de la répression, il s’agit aussi d’informer les familles et les jeunes, a expliqué le président de la République – ou les fragilités psychologiques. La dernière loi de santé publique date de 2004, un texte qui aurait dû être actualisé en 2009. Le chef de l’Etat s’est donc engagé à présenter l’année prochaine « une nouvelle loi de santé publique avec des objectifs, des moyens et des budgets, et notamment une grande obligation de prévention ».
Autre axe de travail pour François Hollande : mettre fin aux cloisonnements dans la prise en charge des malades. Pour ce faire, il invite les hôpitaux à « mettre en place avec les médecins de ville une véritable permanence de soins ». Une mesure qui devrait éviter l’engorgement des urgences. Cette nouvelle approche doit notamment s’accompagner d’une meilleure information des patients et des professionnels de santé, explique le chef de l’Etat, pour qui « il faut rassembler dans un service unique l’ensemble des informations disponibles afin [de leur] offrir un site public, fiable et exhaustif d’information sur la santé, les établissements, leurs qualités et leurs coûts, bref sur tout ce qui peut permettre de faire un choix ».
(1) Le 24 octobre, l’assurance maladie et les syndicats représentatifs de médecins libéraux (CSMF, MG-France, SML, FMF, Le Bloc) ont signé un accord, document qui doit encore être validé par les instances des négociateurs. Pour être applicable, le texte doit recueillir au moins la signature des syndicats majoritaires (CSMF et SML) et des organismes de complémentaire santé.