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L’auto-rénovation au service de la santé mentale ?

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La démarche a également des retombées positives en matière psychosociale et de santé mentale : c’est le résultat d’une recherche-action menée en Isère.

Réalisée dans le cadre de l’ONSMP-Orspere (1), une recherche-action (2) pointe les effets des chantiers d’auto-rénovation (appellation préférée à celle d’auto-réhabilitation accompagnée) en termes de santé mentale à partir d’ex­périences menées dans trois municipalités de l’Isère : Villefontaine, Bourgoin-Jallieu et l’Isle d’Abeau. Le logement « apparaît comme un outil de médiation qui permet l’entrée en contact avec un public isolé pour pénétrer un quartier sensible et pour produire des effets de changement pour l’habitant dans son intériorité psychique », expliquent Valérie Colin, Colette Pitici et Laëtitia Overney, auteures du rapport (3).

Alors qu’au départ la visée de soins et de santé mentale est absente des actions d’auto-rénovation, les professionnels se rendent vite compte que, au-delà du bénéfice lié à l’amélioration du logement, il se passe bien d’autres choses. Chez ­certaines familles, l’auto-réhabilitation induit un « gain narcissique » qui permet de trouver la force de surmonter d’autres épreuves. Plus généralement, observe Valérie Colin, « le chantier est l’occasion d’exprimer une souffrance psychique qui n’a pas la possibilité de se dire ailleurs. Elle prend forme soit de façon directe, par exemple à travers un récit de vie, soit de façon indirecte, à travers ce que la personne va montrer d’elle-même en ouvrant les portes de son domicile ou à travers ce que l’intervenant va percevoir de son intimité et qui va susciter chez lui une réaction singulière (malaise, souci de la personne…). » Ce « dévoilement » correspond aussi à l’« émergence de demandes d’aide » que les chercheures se proposent d’« intégrer non pas comme périphériques à l’action mais bien au cœur de celle-ci » : « Il faut en effet que les opérateurs de l’auto-rénovation se saisissent de ces demandes pour, d’une part, pouvoir y répondre lorsque les bénéficiaires en expriment la volonté et, d’autre part, ne pas mettre en difficulté les professionnels qui se rendent à domicile », analyse Valérie Colin. Et les auteures de préconiser la mise en place d’un dialogue continu entre les acteurs de l’auto-rénovation et les acteurs du soin et de la psychiatrie – sous forme, par exemple, d’une supervision en direction des animateurs techniques. Se faisant, elles montrent l’intérêt de l’approche psychosociale qui intègre le souci de la santé mentale au cœur des pra­tiques sociales. Elles relèvent ainsi une dimension qui reste encore à valoriser chez les acteurs du logement, « particulièrement les bailleurs » : celle de « témoins de la souffrance psychique dans un contexte de précarité sociale » et d’« acteurs de santé mentale lorsque les actions sont concertées avec les autres intervenants de terrain ».

La recherche-action débouche également sur une réflexion qui déborde les intervenants techniques de l’auto-réhabilitation pour pointer la nécessité d’élaborer un cadre éthique pour tous les professionnels exerçant à domicile (soignants, aides à domicile…). « Souvent isolés dans leurs pratiques, ils éprouvent des difficultés à définir les limites de leur intervention. Comment, par exemple, respecter l’intimité des personnes et, même éventuellement, leur refus d’être aidées lorsqu’ils découvrent des situations compliquées ? », interroge Valérie Colin.

Notes

(1) Observatoire national des pratiques en santé mentale et précarité-Observatoire régional Rhône-Alpes sur la souffrance psychique en rapport avec l’exclusion.

(2) « L’auto-rénovation accompagnée » – Disponible sur www.orspere.fr/IMG/pdf/ Rapport_final_23avril2012.pdf.

(3) Respectivement coordinatrice de la recherche, docteur en psychologie et docteur en sociologie, elles ont travaillé sous la direction de Jean Furtos, directeur scientifique de l’ONSMP-Orspere.

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