Peau de prune et peau de poulet

Bien que Sako soit publié chez un éditeur « jeunesse », l’histoire écrite par Martine Pourchain séduira les lecteurs sans barrière d’âge. Sako n’a pas 10 ans, mais plusieurs vies derrière elle : née au Mali « avec la peau couleur de prune », elle a d’abord perdu son père, puis sa mère a décidé de venir en France, « où l’on peut ouvrir un magasin rien qu’avec ce qu’on trouve dans les poubelles ». Sans papiers, sans ressources et désabusées, Sako et sa mère habitent dans une caravane pourrie sur un terrain occupé illégalement. Mado, elle, est une retraitée française. Une vieille dame à l’air triste qui vit seule dans son pavillon accolé au terrain de camping. Elle ne voit plus personne depuis que son fils a déménagé à Marseille. Mado a « la peau toute blanche, toute ridée, on dirait de la peau de poulet », dit Sako, qui l’observe par-dessus la haie. Un jour, la petite fille, qui s’ennuie pendant l’été, entre dans le jardin de Mado. De prime abord, les Noirs « font peur » à la vieille dame : « Ils viennent de je ne sais où, du bout du monde, on n’a pas idée. Ils ne sont pas comme nous. Dieu sait ce qu’ils fabriquent dans leur caravane toute la journée. »

Sans surprise, Sako, la petite Malienne sans papiers, avec son sourire si blanc, ses grands yeux et sa malice, et Mado, la vieille dame sans avenir, vont nouer une amitié très forte. Au fil des chapitres, l’auteure donne la parole tantôt à l’une, tantôt à l’autre, ce qui lui permet de mêler la trajectoire individuelle des deux héroïnes avec des sujets de société tels que la solitude des personnes âgées ou les difficultés des sans-papiers sur le sol français.