« Chaque année, seules 2500 personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) se voient accorder une protection juridique sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre », regrette l’ORAM (Organisation pour le refuge, l’asile et la migration), qui a mené une enquête, avec le soutien du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) sur l’attitude des organisations non gouvernementales (ONG) envers les demandeurs d’asile LGBTI (1). Ce public « compte parmi les plus vulnérables au monde, souligne ORAM, il est souvent confronté à une forme plus sévère d’exclusion sociale, à de graves discriminations et à des actes de violence dans les pays de transit ou d’asile ». Même si le nombre exact de personnes réfugiées et demandeuses d’asile LGBTI « ne sera probablement jamais connu », l’association estime que 175 millions de personnes LGBTI vivent « sous la menace de persécutions ».
Or le sondage révèle des lacunes en termes de connaissance et de compréhension de leurs problématiques de la part des organismes qui pourraient leur venir en aide. Ainsi, seules 64 % des ONG (organisations non gouvernementales) interrogées considèrent qu’avoir des relations sexuelles consenties avec une personne du même sexe « n’est pas répréhensible du tout » – 11 % affirment au contraire que c’est « toujours répréhensible ». Il existe des disparités régionales parmi ces différentes considérations morales : 38 % des ONG en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord condamnent moralement ce type de relations, contre 14 % de celles basées en Amérique du Nord et en Europe. 95 % des organisations estiment néanmoins que les personnes réfugiées ont « probablement » ou « certainement » droit à la protection si elles ont été persécutées en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Et 90 % sont disposées à leur offrir le même niveau de service qu’aux autres personnes réfugiées – 9 % ne désirent par leur porter assistance. Beaucoup de réfugiés LGBTI préfèrent donc vivre dans l’anonymat et l’isolement et n’accèdent pas aux services proposés de peur que le personnel des ONG leur en refuse l’accès, les dénonce aux autorités ou encore révèle leur identité sexuelle à leur famille, aux membres de leur communauté ou aux autres réfugiés.
Pour l’ORAM, les personnes chargées de les protéger doivent pourtant connaître leur identité sexuelle pour répondre de manière adéquate à leurs besoins – d’autant que leur orientation sexuelle ou leur identité de genre constitue souvent le cœur de leur recours. « Par exemple, placer un réfugié homosexuel dans un logement partagé avec d’autres réfugiés homophobes peut compromettre sa sécurité et constituer un obstacle infranchissable à son intégration. De même, ne pas prendre en compte les besoins médicaux spécifiques d’une femme transgenre peut conduire à une détérioration de son état de santé physique et psychique », précise l’association. Le principal objectif de l’enquête était de mettre à disposition des ONG les outils nécessaires pour protéger de la meilleure façon possible cette population particulièrement fragile. L’ORAM recommande le développement et la consolidation des connaissances et des compétences générales sur les LGBTI, la mise en place de formations de sensibilisation du personnel et préconise l’adoption de chartes éthiques afin de prévenir d’éventuelles discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.
(1) « Ouvrir la voie » – Juin 2012 – Sondage réalisé auprès d’une centaine d’ONG dédiées à la protection des réfugiés, partout dans le monde