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Accès aux soins : Médecins du monde demande « des mesures exceptionnelles »

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« La santé des exclus ne cesse de se dégrader », alerte Médecins du monde qui souligne, dans son baromètre annuel rendu public à l’occasion de la journée internationale du refus de la misère, le 17 octobre, « l’importante détérioration des conditions d’accès aux soins des populations précaires » (1). En 2011, le nombre de consultations médicales délivrées dans les 21 centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) de l’organisation (40 627 pour 29 466 personnes accueillies) a augmenté de 5,2 % par rapport à 2010 et de 22 % depuis 2008. La quasi-totalité des patients accueillis se situe sous le seuil de pauvreté, 72 % vivent à la rue ou dans un logement précaire, 92 % sont des migrants, souvent en situation irrégulière. Plus alarmant encore, depuis 2008, le nombre de mineurs (2 800) a augmenté de 48 %. Plus d’un tiers des personnes reçues en consultation présente un problème de santé qui aurait dû être traité plus tôt et plus de deux personnes sur dix indiquent avoir renoncé à des soins au cours des 12 derniers mois. 45 % des femmes enceintes présentent un retard de suivi de grossesse. Médecins du monde relève que dans plus de 40 % des consultations, « une prise en charge des affections de plus de six mois est nécessaire » et que 12 % des patients présentent une pathologie potentiellement grave comme une hypertension artérielle, du diabète, de l’asthme ou encore un cancer. Des pathologies psychiques ou psychiatriques ont été identifiées pour 11 % des patients.

Face à ce bilan alarmant, Médecins du monde demande au gouvernement de prendre « des mesures exceptionnelles » pour protéger les plus pauvres, particulièrement touchés par la crise économique et sociale. L’organisation formule des propositions qu’elle défendra lors de la conférence contre la pauvreté et l’exclusion des 10 et 11 décembre. Devant les difficultés des personnes à obtenir leur droit à l’aide médicale d’Etat (AME), qui « reste un système complexe, difficile d’accès », l’organisation recommande une nouvelle fois la fusion de l’AME dans la couverture maladie universelle (CMU) de façon à rendre l’accès aux soins « plus simple, plus rapide et moins stigmatisant ». Elle demande aussi l’élargissement du seuil d’attribution de la CMU complémentaire au niveau du seuil de pauvreté et le renforcement des permanences d’accès aux soins de santé (PASS), des cellules de prise en charge médico-sociale, qui doivent faciliter l’accès des personnes démunies au système hospitalier et aux réseaux institutionnels ou associatifs de soins, d’accueil et d’accompagnement social. Rappelant que la réintroduction du racolage passif en 2003 a renforcé l’isolement des personnes prostituées, elle réitère sa demande d’abrogation de ce délit et rejette le principe visant à pénaliser le client, « qui ne ferait qu’aggraver la vulnérabilité des personnes se prostituant » (2).

Alors que l’hépatite C touche entre 40 et 60 % des usagers de drogues, Médecins du monde demande la légalisation du test rapide d’orientation diagnostique (TROD) et souhaite que soit autorisée l’ouverture de salles de consommation de drogues. La dernière demande de l’organisation concerne la situation des Roms : elle réclame la levée totale des mesures transitoires et l’application immédiate du volet « prévention » de la circulaire du 26 août dernier (3).

Notes

(1) Disponible sur www.medecinsdumonde.org.

(2) Une proposition de loi visant à responsabiliser les clients de la prostitution et à renforcer la protection des victimes de la traite des êtres humains et du proxénétisme a été déposée le 7 décembre 2011 à l’Assemblée nationale et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles. Le débat sur la pénalisation du client a été rouvert par la ministre chargé des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, en juin dernier, lorsqu’elle avait déclaré vouloir « abolir la prostitution ».

(3) Voir ASH n° 2772 du 31-08-12, p. 20.

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