Recevoir la newsletter

Grandis par l’écriture

Article réservé aux abonnés

Plus qu’un énième livre sur la cité, c’est un témoignage puissant sur la prévention spécialisée. Tout y est : les heures passées à arpenter le bitume, la cravate des jours de comparutions immédiates, la paperasse des visites au parloir, les mamans inquiètes dans les étages des tours… Mais aussi les jours de fête dans le quartier, la confiance gagnée après des mois d’apprivoisement, les partenaires sur qui on peut compter et les parcours en zigzag qui reprennent doucement le droit chemin. « Des heures de taf qui paraissent des jours, éreintants. Et réfléchir toujours, avec les collègues, sur notre pertinence, notre lassitude, notre degré d’intolérable. Etre là, c’est si dur, mais il le faut tellement. » Nous… la cité, c’est aussi l’histoire d’une aventure vécue à plusieurs, celle de l’écriture, dans un univers « où les choses se vivent et s’éprouvent plus qu’elles ne se disent ». La proposition est venue des éditions La Découverte, à la lecture d’un article sur les rapports banlieue-police publié par Le canard enchaîné, rédigé par des jeunes de Nanterre et leur éducateur spécialisé, Joseph Ponthus. Au départ incrédule, le petit groupe s’est finalement pris au jeu. De rencontres avec l’éditeur en ateliers d’écriture, est né un récit à plusieurs voix, mêlant souvenirs d’enfance, journal du mitard, lettres au juge, perles et noirceurs du quotidien. Jusqu’au jour où, l’ouvrage presque achevé, les jeunes ont demandé à changer le titre. « Parce que, en fait, dans “Nous, la cité”, la virgule nous assimile trop à la cité en général, alors qu’on veut juste témoigner, ont-ils argumenté. Du coup, on propose de la remplacer par trois petits points. » Vertige de l’éducateur. « Des quasi-analphabètes il y a un an qui ergotent maintenant sur un signe de ponctuation… » Un signe en forme de point final, celui de la tournée des éducs, leur association déconventionnée étant contrainte de lâcher le quartier. « Alors oui, qu’après ce temps d’écriture, puisse une trace rester autant qu’elle se dilue », conclut Joseph Ponthus. Que ceux qui « n’étaient presque que des grands enfants deviennent un peu des hommes, que je les lâche un peu. Que par eux-mêmes, ils soient ».

Nous… la cité

Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Riadh Lakhéchène, Alexandre Philibert, Joseph Ponthus – Ed.Zones-La Découverte – 15 € (ou à lire gratuitement en ligne sur www.editions-zones.fr)

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur