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Le parcours de la combattante

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Née Marc de parents qui lui vouaient « un mépris et une haine » constants, Marie Edith Cypris a 18 ans lorsque, après avoir quitté un apprentissage en boulangerie qui tenait de l’esclavage, elle découvre, dans une boîte de Saint-Germain-des-Prés où elle a atterri, un spectacle de travestis. « Je trouvais d’emblée du lien avec les séances de travestissement que je pratiquais avec les fringues de ma mère dès qu’elle partait en courses, écrit-elle. Sauf que, derrière ce qui pouvait paraître le jeu d’un gosse de 12 ans, se tenait en toile de fond toute mon histoire. » Commence alors un véritable parcours du combattant, à la recherche de sa véritable identité, qui la mène d’expériences marginales – travestissement, prostitution – en tentatives de normalisation – une parenthèse hétérosexuelle de plusieurs années –, jusqu’au long et douloureux protocole médico-légal qui la conduira, au bout de dix ans, « engloutie dans l’intense douleur de l’absence de tout lien », à la transformation médico-chirurgicale. Point d’orgue de cette conversion du DJ du Paris interlope en aide-soignante attentionnée : l’établissement d’un nouvel état civil. « Mon sexe personnel est devenu social, mais aussi administratif », se réjouit alors, comme prise de vertige, une Marie désormais « carte d’identifiée » et « carte vitalisée ». Récit d’une quête acharnée qui frôle parfois la folie, ces mémoires sont aussi une réflexion sur le mouvement trans et ses revendications, sur les théories médicales et psychanalytiques d’un trouble qui n’est plus considéré comme une maladie mentale depuis février 2010, et sur les bouleversements que pourrait entraîner l’abolition des genres. En dépit de la volonté affichée de l’auteure de rendre son récit le plus « divertissant » possible, la lecture de ces Mémoires d’une transsexuelle n’est pas toujours aisée. La faute, peut-être, à la multiplication des références et citations, à la profusion de jeux de mots, aux fréquentes notes de bas de page… mais aussi, surtout, à l’univers relativement inconnu dans lequel plonge le lecteur : celui des troubles de l’identité de genre, de la réassignation sexuelle, et de la souffrance qui les accompagne.

Mémoires d’une transsexuelle. La belle au moi dormant

Marie Edith Cypris – Ed. PUF, coll. « Souffrance et théorie » – 26 €

Culture

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