On croit qu’on va faire un voyage, « mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait » : l’association Seuil en est convaincue, qui s’est approprié cette formule de l’écrivainvoyageur Nicolas Bouvier (1929-1998). Lancée il y a douze ans par un groupe de retraités, dont certains sans aucune expérience sociale, l’initiative a un but aussi simple qu’ambitieux : prendre un à un par la main des adolescents marginalisés pour les aider à franchir le « seuil » de la société en tablant sur l’effet dynamisant et socialisateur de la marche à pied. Une longue marche : environ 1 800 kilomètres à parcourir en trois mois avec un accompagnateur adulte, qui donne au jeune « envie d’avoir envie d’aller de l’avant », selon l’expression de Paul Dall’Acqua, ancien directeur à la protection judiciaire de la jeunesse, qui a rallié la structure après avoir cessé son activité. Sans portable, ni console de jeux, ni musique, 25 kilomètres par jour sac au dos… Pour les 15-18 ans qui acceptent de s’engager dans l’aventure, souvent en alternative à l’incarcération ou en aménagement de peine, l’expérience n’a rien d’évident. Dans les premiers jours, il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre : « La prison, c’est mieux »… Mais, si escarpé soit-il, le chemin de la réinsertion est riche de rencontres et de victoires sur soi-même, qui sont autant d’avancées dans la reconquête de l’estime de soi. C’est ce cheminement que décrivent des marcheurs – jeunes et accompagnateurs – et les spécialistes de l’adolescence réunis autour de Bernard Ollivier, fondateur de l’association, Daniel Marcelli, pédopsychiatre, et David Le Breton, anthropologue.
Marcher pour s’en sortir. Un travail social créatif pour les jeunes en grande difficulté
Sous la direction de David Le Breton, Daniel Marcelli et Bernard Ollivier – Ed. érès – 19 €