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Des cadres à la recherche d’une nouvelle identité

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Une première étude conduite par l’Andesi et l’université Paris-Est-Créteil sur les chefs de services révèle leurs grandes disparités. Formation, pratiques, motivations professionnelles : l’heure est à la diversité.

La fonction de « chef de service » reste mal connue. Leur nombre lui-même est incertain. En 2003, la direction générale de l’action sociale recensait environ 15 000 cadres répondant à la définition du chef de service, sur une base de 18 000 établissements. L’enquête Emploi réalisée en 2007 par Unifaf dans la branche sanitaire sociale et médico-sociale à but non lucratif (19 800 établissements et services) chiffrait à 18 000 le nombre de personnes assurant les fonctions d’encadrement, mais à 7 925 celles ayant le titre de « chef de service ».

MONTÉE EN PUISSANCE DES MASTERS

A cette imprécision sur la population s’ajoute la difficulté de cerner les transformations du pilotage des équipes des insti­tutions sociales et médico-sociales. D’où l’intérêt de l’enquête conduite par l’Andesi et le département de sciences de l’éducation et sciences sociales (SESS) de l’université Paris-Est-Créteil auprès de 260 chefs de services et directeurs d’institutions du handicap et de l’enfance (1). Restituée le 21 juin dernier (2), elle montre un encadrement en plein réajustement. « Nous avons affaire à une multiplicité de trajectoires qui posent la question de l’accès à la fonction de chef de service et des représentations que s’en font les intéressés », résume Michel Foudriat, sociologue, enseignant à l’université Paris-Est-Créteil, et pilote de cette étude.

Signe qu’un grand brassage est en cours, 70 % des répondants ont accédé à la fonction après la loi 2002-2. L’obtention de leur premier poste se faisant souvent dans un autre établissement de la même association employeuse, « un certain opportunisme n’est pas à exclure », soulignent les enquêteurs, en évoquant « la probabilité d’une information sur le poste obtenue par le biais d’un réseau », voire des formations qualifiantes demandées « en vue d’un poste futur ».

Si le Caferuis reste le diplôme de prédilection pour la moitié des répondants, on assiste à la montée en puissance des masters 1 et 2 (32 %). L’une des raisons pourrait être la difficulté du marché du travail à absorber les 1 400 nouveaux Caferuis délivrés chaque année, et donc une forme de dévaluation du diplôme. « Sur les dernières promotions du Caferuis, un diplôme sur trois seulement débouche sur la fonction. Il y a encore trois ou quatre ans, deux tiers des chefs de services étaient déjà en poste au moment de leur formation, aujourd’hui ils ne sont plus qu’un tiers, les autres étant des éducateurs ou des assistantes sociales », précise Michel Foudriat.

La nature du travail est elle aussi très contrastée. Les trois quarts des répondants disent avoir une fiche de poste, tout en reconnaissant de fréquents décalages entre ce qui est décrit et la réalité du travail. De fait, alors que les conventions collectives placent le chef de service à la tête d’une seule équipe, ils ne sont que 35 % à satisfaire à ce schéma. Pour les autres, c’est l’escalade des responsabilités : 47 % encadrent deux ou trois équipes qui peuvent aller jusqu’à 20 personnes chacune et 18 % plus de trois équipes. « Le chef de service peut très bien être responsable des services généraux, rôle traditionnellement dévolu au directeur. Il a aussi de plus en plus souvent des psychologues sous sa responsabilité. »

Aucune homogénéité non plus n’a pu être trouvée dans les pratiques, indiquent les enquêteurs. Et de s’étonner : « Pourtant, les répondants ont eu accès dans leur formation aux derniers référentiels professionnels. » Signe de la concentration progressive des employeurs, seulement 8 % des associations gestionnaires n’emploient qu’un seul chef de service. Un tiers en comptent de 2 à 5, un autre tiers de 6 à 25, et un quart plus de 25.

Plus l’association est grande ou plus le chef de service gère d’équipes, et plus il dit faire partie de la direction. Ce sentiment est renforcé selon la nature du diplôme. A 73 %, les détenteurs du Caferuis se sentent intégrés à l’équipe de direction, contre 58 % s’ils possèdent un master 1 ou 2 et à peine 30 % avec une licence.

Le diplôme semble également in­fluencer la conception de la fonction. Les titulaires du Caferuis ont tendance à se considérer comme des cadres intermédiaires, tandis que ceux d’un master 1 ou 2 se situent davantage comme des managers de proximité. Seuls 20 % se voient encore comme des éducateurs chef ou des responsables d’équipes.

SIMPLE ÉTAPE PROFESSIONNELLE

Un point commun réunit toutefois les chefs de services. La majorité des détenteurs d’un master et d’un Caferuis assurent que leur fonction n’est qu’une étape professionnelle et en aucun cas un aboutissement. Ils pensent poursuivre leur formation avec une nette appétence pour les formations universitaires supérieures. Ils ne sont toutefois que 36 % à envisager la suite de leur carrière dans le champ social…

Après ces premiers résultats, l’Andesi et le département de sciences sociales de l’université Paris-Est-Créteil envisagent un second volet de recherche. Objectif ? Etudier sur un panel élargi comment le nouvel encadrement des établissements s’approprie ses missions dans leurs composantes stratégiques, cliniques et pédagogiques.

Notes

(1) Enquête réalisée au premier semestre 2012 sur la base d’un questionnaire adressé à 790 chefs de services et 1 829 directeurs, dont 260 réponses validées. 72 questions, réparties sur 11 thématiques, étaient posées.

(2) Lors des Ires rencontres nationales des chefs de services, des 21 et 22 juin 2012, organisées par l’Andesi.

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