Le revenu minimum d’insertion (RMI) puis le revenu de solidarité active (RSA) découragent-ils certains jeunes de travailler ? Deux ans après l’ouverture du RSA aux jeunes de moins 25 ans sans charge familiale, l’INSEE tente un premier bilan de l’aspect incitatif à la reprise d’emploi de ces dispositifs chez ces publics (1).
Depuis septembre 2010, l’accès au RSA est ouvert aux jeunes âgés de moins de 25 ans sans charge familiale et qui peuvent justifier, au moment de leur demande d’allocation, d’avoir travaillé au moins deux ans à temps plein au cours des trois dernières années. Ce qui représente, au final, très peu de jeunes de cette tranche d’âge. Avant cette date, le RMI comme le RSA n’étaient accessibles qu’à partir de 25 ans, l’idée étant de ne pas décourager certains jeunes « de poursuivre leurs études ou de rechercher un emploi ». La France a, en effet, longtemps soupçonné ces dispositifs d’aide aux personnes les plus démunies de diminuer le taux d’emploi en réduisant l’intérêt financier à occuper un emploi, notamment lorsque celui-ci est faiblement rémunéré. Qu’en est-il réellement ?
L’INSEE se fonde sur une analyse comparative du taux d’emploi juste après 25 ans. Premier constat : « aucune rupture dans les taux d’emploi à 25 ans n’est repérable pour les jeunes célibataires sans enfant ayant au moins un CAP ou un BEP ». Contrairement aux idées reçues, le RMI comme le RSA n’auraient donc pas de réel effet désincitatif sur l’emploi de ces jeunes. A nuancer toutefois puisque, sous le RMI, une rupture existait bel et bien pour les jeunes les moins diplômés, c’est-à-dire ceux ayant au mieux le brevet des collèges, qui non seulement enregistrent des taux d’emploi « particulièrement faibles » mais sont aussi ceux « qui ont […] les gains au travail les plus faibles ». Entre 2010 et 2011, après la mise en place du RSA, « la rupture n’est plus visible dans les taux d’emploi lors du passage à 25 ans, quel que soit le niveau de diplôme considéré ». Au final, explique l’INSEE, sous le RMI, la rupture dans les taux d’emploi n’était réellement observable que pour le taux d’emploi à temps partiel. Une catégorie dans laquelle les jeunes les moins diplômés étaient fortement représentés. Ce constat est « cohérent avec les gains à la reprise d’emploi, qui sont particulièrement faibles pour les emplois à temps partiel et notamment très partiel, en particulier avant la mise en place du RSA ». Un effet d’aubaine, donc, auquel semble avoir mis fin le nouveau dispositif.
(1) « Le RMI, puis le RSA découragent-ils certains jeunes de travailler ? » – INSEE Analyse n° 6 – Disp. sur