Ce sont les clips de rap américains, où l’argent coule à flots et les femmes se dénudent facilement, qui font rêver Yannis, Yoannes et Barthek, trois jeunes Français de 17 ans, amis depuis l’école primaire. Ils s’imaginent vivre aux Etats-Unis, pays où « tout est possible ». D’origine polonaise, camerounaise et algérienne, ils sont persuadés que, là-bas, leur couleur de peau ne sera pas un obstacle comme elle peut l’être en France, et plus particulièrement à la cité Beauregard, où ils vivent, aux abords de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). Ils sont pourtant en 1re au lycée Corneille de La Celle : une zone d’éducation prioritaire (ZEP) qui semble être un exemple de réussite de mixité sociale. Mais « ça ne ressemble en rien aux lycées qu’on voit dans les séries américaines ! », regrette Bart. Yannis a eu la chance de faire un voyage à New York l’an dernier et, depuis, il ne rêve que d’y retourner. « Les voitures sont plus grandes, les maisons sont plus grandes et même les menus Mc Do sont plus grands. » De quoi éblouir ses potes, tout comme les quelques dollars que l’adolescent a conservés. Ils espèrent que, quand ils iront s’installer « aux States », ils gagneront « plus que le SMIC ». A travers ces paroles innocentes recueillies par le journaliste de France Culture Alain Lewkowicz, ces jeunes évoquent malgré eux leur désespoir de grandir en France, où ils ne croient plus en leur futur et souffrent occasionnellement des violences policières. L’animateur de quartier s’exprime également au micro. Même s’il souhaite leur faire comprendre que tout n’est pas rose outre-Atlantique, André se dit « prêt à aider Yannis et ses copains si leur projet est viable », car « c’est là-bas qu’il y a un avenir »…
Il était une fois, en France, trois potes
France Culture – Emission « Sur les docks » du lundi 27 août – A écouter sur