« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage », enjoignait aux poètes l’écrivain Nicolas Boileau. Polisseur d’idées et de mots, Joseph Rouzel s’est visiblement approprié ce message. Livre après livre – qui sont éventuellement, comme celui-ci, des reprises peaufinées de conférences ou d’articles –, le psychanalyste et formateur s’échine à mettre en lumière l’art de faire des travailleurs sociaux, ces « “trouvailleurs soucieux” de l’humain, relégués dans les soutes de la misère sociale ». Plus que de Pourquoi l’éducation spécialisée ? comme l’annonce le titre de l’ouvrage – question traitée de façon expéditive en introduction –, il s’agit effectivement ici d’interroger le « comment » de l’acte éducatif, en l’éclairant sous ses différents angles. Celui de la clinique, « à considérer dans son englobement institutionnel et politique », est le plus développé. Cœur du travail d’éducateur, la transmission d’« humus humain » par un sujet à un autre sujet passe par ce point d’arrimage commun qu’est la parole. Mais encore faut-il disposer de lieux où l’on se parle. Et savoir accueillir le dire de l’autre, même quand ce dernier s’exprime par des chemins hors norme. Il en est ainsi des mises en acte au travers desquelles les adolescents cherchent leur voie/voix. Qu’ils soient éducateurs, thérapeutes, enseignants ou parents, les adultes doivent prêter une oreille attentive à ces « paroles sans mots » pour les rendre lisibles et inciter les intéressés à « explorer des chemins fréquentables et supportables pour eux-mêmes et leur environnement », souligne Joseph Rouzel.
Pourquoi l’éducation spécialisée ?
Joseph Rouzel – Ed. Dunod – 22,90 €