Fin 2011, nous avons été sollicités par plusieurs réseaux d’addictologie rencontrant les mêmes difficultés, notamment de baisse des financements et de manque de reconnaissance politique et technique. Dans le cadre de notre projet national, nous travaillons sur l’articulation des acteurs de soins en addictologie et nous nous sommes donc saisis du sujet. Un groupe de travail rassemblant sept réseaux – membres fondateurs du collectif – s’est constitué au sein de la fédération afin d’établir un état des lieux. Nous avons recensé tous les réseaux d’addictologie existant en France et nous leur avons envoyé un questionnaire pour mieux les connaître. La synthèse des réponses a été partagée le 18 septembre.
Nous en avons recensé 79, dont 57 ne s’occupent que d’addictologie – 22 font partie d’un réseau plus large englobant d’autres thèmes comme le VIH, la santé mentale, la précarité ou le diabète. Les premiers ont été créés au début des années 1990 à l’initiative de médecins libéraux militants. Ils n’ont été reconnus par la loi qu’en 2002. Aujourd’hui, ils assurent la coordination entre les différents acteurs – médecins, hôpitaux, centres de santé, structures sociales et médico-sociales… –, organisent des rencontres entre les professionnels, des actions de formation et de prévention… Certains animent des groupes de parole d’usagers ou mènent des actions de recherche en santé publique.
La moitié des réseaux existants ont répondu à notre questionnaire. Tous témoignent d’un manque de moyens. Les budgets – abondés par le fonds d’intervention régional géré par les agences régionales de santé, parfois aussi par les conseil régionaux, les conseils généraux ou les municipalités – sont en baisse (dans certains cas jusqu’à – 40 %), ce qui entraîne un manque de temps pour la coordination et des personnels en nombre insuffisant. Les réseaux font état aussi d’un manque d’information de la part des services de l’Etat quant à leur avenir et à leurs missions. Au plan régional comme national, ils veulent faire entendre leur voix sur la politique de santé et, faute d’interlocuteurs, se sentent souvent isolés. Enfin, le travail en réseau s’appuie sur une culture commune et il reste encore du chemin à parcourir pour que les professionnels partagent les mêmes valeurs en matière d’addictologie.
Cet appel est l’occasion de rappeler la spécificité des réseaux d’addictologie : leur capacité à soutenir et à fédérer les acteurs du médico-social, du sanitaire, de la ville…, autour de situations cliniques complexes grâce à leurs capacités d’adaptation aux situations territoriales et aux acteurs en présence. Le collectif demande avant tout des financements pérennes pour assurer la continuité de leurs missions, par exemple les actes dérogatoires non remboursés par la sécurité sociale ou des actions de formation. Il réclame en outre des moyens humains et logistiques de coordination des parcours de soins complexes. Enfin, il souhaite que la créativité des réseaux soit reconnue. Cet appel sera diffusé largement d’ici à un mois, notamment aux tutelles et partenaires locaux.
Qu’elle crée les conditions d’une politique de santé publique équilibrée qui mette l’accent sur la prévention et l’intervention précoce, qui accompagne le déploiement de la réduction des risques, qui soutienne une offre de soins diversifiée. Les réseaux d’addictologie y participent largement. Il faut les valoriser !
(1) Contact : Fédération Addiction – Tél. 01 43 43 72 38.