En matière d’accessibilité, l’échéance de 2015 ne sera pas tenue : ce constat dressé par le rapport de l’inspection générale des affaires sociales, du conseil général de l’environnement et du développement durable et du contrôleur général économique et financier (voir ce numéro, page 10) n’a rien d’une surprise pour les associations, qui se battent depuis des années pour faire respecter ce principe. Pas question toutefois pour elles de définir, comme le suggèrent les auteurs du document, des objectifs intermédiaires.
C’est « un retour en arrière » pour l’Association des paralysés de France (APF), qui considère que « choisir, parfois à l’intérieur même des lieux, ce qui doit être accessible ou pas consiste à demander aux personnes en situation de handicap de choisir à quelle part de leur citoyenneté elles auront accès ! » Même indignation pour la Fédération des aveugles et handicapés visuels de France (FAF), qui « ne peut accepter une telle régression et demande la suppression de toutes formes de dérogations et autres assouplissements, car de telles mesures de substitution permettront la construction de bâtiments qui resteront inaccessibles aux personnes handicapées ».
Ce rapport a néanmoins le mérite de démontrer que les surcoûts entraînés par la mise en accessibilité sont « modestes, à moyen terme, par rapport à l’ensemble des autres causes d’augmentation du coût des logements », pointe la FNATH (Association des accidentés de la vie). Le blocage vient avant tout d’un manque d’impulsion politique, relève l’APF, qui attend du gouvernement qu’il crée d’urgence une dynamique permettant de rendre la France accessible dans sa totalité dès 2015. La FNATH attend, quant à elle, la création de l’agence de l’« accessibilité universelle » promise par François Hollande pendant sa campagne.
Quatre associations – APF, Unapei, Unisda, CFPSAA (1) – viennent de signer avec l’Ordre des architectes une « charte d’engagements pour l’accessibilité, le confort d’usage et la conception universelle » afin de créer une « culture commune de l’accessibilité ». Les partenaires s’engagent notamment à travailler ensemble à la création d’une offre de formation destinée aux architectes pour les sensibiliser aux besoins des personnes handicapées.
(1) Association des paralysés de France, Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis, Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif, Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes.