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Observer pour prévenir

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Traiter et recenser, puis décortiquer les faits de violence pour aller vers une amélioration des pratiques, telle est la vocation de la cellule d’observation des Apprentis d’Auteuil.

Avec près de 14 000 jeunes pris en charge, dont 2 600 dans une soixantaine de maisons d’enfants à caractère social (MECS), la Fondation des Apprentis d’Auteuil est régulièrement confrontée à des phénomènes de violence. Pour aider les professionnels, l’institution s’est dotée, en 2001, d’un Observatoire des incidents, accidents et infractions graves, animé par une cellule pluridisciplinaire composée d’un juriste, d’un psychiatre, d’un directeur d’établissement et d’un cadre administratif (qui assure la permanence). « Educateurs, maîtresses de maison, personnel administratif : quelle que soit sa fonction, toute personne recrutée chez nous reçoit un livret sur la conduite à tenir en cas d’incident », explique Pierre Sattler, directeur régional Nord-Est aux Apprentis d’Auteuil.

UN PROCESSUS D’ALERTE

Quiconque est témoin d’un fait assimilable à un incident ou accident, ou bien confident de la révélation d’un tel fait ayant eu lieu antérieurement – à l’intérieur comme à l’extérieur de l’établissement –, doit en avertir son supérieur hiérarchique direct. Il fait aussitôt une déclaration à l’observatoire par le biais d’une application informatique, avec alerte automatique au chef d’établissement et aux échelons territoriaux de la fondation. Il s’agit de renseigner plusieurs champs permettant de décrire la nature, le lieu et les circonstances des faits, ainsi que les mesures qui ont été prises (séparation et protection des victimes et des auteurs, dépôt de plainte, saisie de l’aide sociale à l’enfance, information des familles, etc.). Le permanent de l’observatoire réagit en temps réel pour s’assurer que l’incident est correctement géré et, le cas échéant, conseiller les professionnels de terrain. Si besoin, il fait intervenir d’autres membres de la cellule en fonction de leur spécialité.

Outre ce rôle de soutien à chaud des équipes, l’observatoire procède à un suivi des actes déclarés. Les tableaux de bord qu’il réalise permettent de dresser des typologies d’incidents et de voir les évolutions au plan national et à celui de chaque établissement. Ainsi constate-t-on chez les filles la multiplication des fugues – certaines en ont fait plus de dix en 2011 – et une montée de l’alcoolisation, désormais presque plus fréquente que celle des garçons. « On assiste également à une nette augmentation du nombre de professionnels violentés, sans savoir si celle-ci est réelle ou bien résulte d’une baisse du seuil de tolérance des intéressés chez qui le dépôt de plainte aurait supplanté les “recadrages” du passé », précise Pierre Sattler. Tous types d’actes confondus, il y a environ chaque année en MECS 100 incidents pour 100 jeunes – dont 20 à 25 % de faits graves (agressions sexuelles entre adolescents, violences physiques à l’encontre d’un adulte ou tentatives de suicide) –, la tranche d’âge la plus concernée est celle des 15-17 ans.

Aurait-il été possible d’éviter que les situations « partent en vrille » ? Telle est la question à laquelle s’attelle aujourd’hui l’observatoire. Dans l’idée d’améliorer les pratiques, ce dernier a engagé un chantier de relecture des faits de violence recensés et conçu des guides de questionnement pour aider les établissements à décortiquer régulièrement les incidents dont ils ont été le cadre. « Il faut faire beaucoup de pédagogie auprès des éducateurs, parce qu’ils peuvent avoir tendance à culpabiliser et à penser qu’ils sont “mauvais”, alors que si les jeunes n’étaient pas difficiles, ils n’auraient rien à faire chez nous, commente Pierre Sattler. Pour autant, on peut sûrement être plus vigilant et anticiper davantage. »

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