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Les CREAI, des outils très appréciés des services de l’Etat

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« Les CREAI servent-ils à quelque chose ? », s’interrogeait, un brin provocateur, en juin dernier, Alain Laurent, président de l’Ancreai (Association nationale des centres régionaux pour l’enfance et l’adolescence inadaptées), à la suite de la baisse de 68 % en deux ans des subventions attribuées à ces structures (1). Oui, si l’on en croit les résultats de l’enquête conduite auprès des agences régionales de santé (ARS), des directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) et des CREAI (2). Lancée par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) fin 2011 afin de mesurer l’intérêt de ces structures dans un paysage institutionnel profondément bouleversé, elle porte un jugement extrêmement positif et apparaît donc comme une très bonne nouvelle pour le réseau.

Les CREAI (3) y sont décrites comme « un outil apprécié, pertinent, souple, réactif, souvent jugé très précieux, voire indispensable par les ARS, en raison principalement de leur expertise […] et de leur position à l’interface des institutions et des opérateurs ». Si le handicap constitue leur champ d’intervention dominant, la plupart des CREAI sont également présents sur l’exclusion, la protection de l’enfance, la protection des majeurs et des personnes âgées. Et ils développent, tant auprès des services de l’Etat que des conseils généraux et des établissements sociaux et médico-sociaux, des activités élargies qui vont du conseil à l’appui technique, en passant par l’évaluation, la formation… Parmi les points forts sont citées l’expertise et la connaissance du terrain, des acteurs, des évolutions en cours, contre un seul point faible : la petite taille des équipes. Une grande majorité des ARS souhaite donc la poursuite du partenariat avec ces structures et des moyens pour les pérenniser. Elles estiment que la diminution de leur financement ne peut qu’avoir des incidences sur leurs capacités d’intervention et de réactivité.

Faut-il toutefois faire évoluer la tutelle et la mission des CREAI ? De fait, même si la moitié des ARS et la majorité des DRJSCS semblent encore participer à leurs conseils d’administration, la tutelle de l’Etat paraît exercée a minima. Quelques ARS et DRJSCS – mais elles ne sont qu’un petit nombre à s’être exprimées sur ce point – souhaitent d’ailleurs la transformation ou la disparition de cette tutelle ainsi que l’évolution du nom et des missions des CREAI. Des suggestions – créer un groupement d’intérêt public ou un établissement public dédié à l’observation sociale et à l’analyse des politiques publiques – sont même formulées et mériteraient, selon l’étude, d’être approfondies.

Faut-il par ailleurs rapprocher, voire mutualiser les ressources des CREAI avec d’autres structures, en particulier les observatoires régionaux de santé (ORS) ? L’étude met en évidence que les collaborations sont déjà très développées avec ces observatoires, mais aussi avec les universités, les écoles de travail social, les fédérations associatives, même si elles varient selon les territoires… Les trois acteurs – ARS, DRJSCS et CREAI – souhaitent d’ailleurs les approfondir, tout en rejetant toute idée de fusion CREAI-ORS (opérée pour la première fois en Languedoc-Roussillon).L’étude confirme donc la spécificité de l’apport des CREAI, tout en soulignant l’intérêt d’examiner certaines expériences de mutualisation de compétences ou de moyens.

Enfin, sur le sujet délicat du financement des CREAI, faut-il faire évoluer ses modalités comme le souhaite l’Etat ? L’enquête va, là encore, dans le sens de ces structures. De même que les CREAI font valoir combien un financement exclusivement sous forme de prestations de service pourrait remettre en cause leurs missions d’intérêt général et leur indépendance, les ARS considèrent que, à l’exception des études, la plupart des autres contributions doivent relever de la subvention. Ce qui rend du même coup injustifiées les baisses des dotations de la DGCS. Pourtant, malgré ce consensus, la question d’une rallonge budgétaire n’est guère à l’ordre du jour. Dans une lettre adressée en août dernier à l’Ancreai, si la DGCS assure que le financement de ces structures sera pour elle « prioritaire dans les arbitrages budgétaires en cours », elle confirme, comme elle l’avait annoncé en juin, que « le contexte financier contraint nécessite la recherche de pistes de financement complémentaires ». Un groupe de travail associant les CREAI devrait être constitué dans le courant du mois pour réfléchir à l’évolution des relations entre ces structures et l’Etat. Laissant en attendant les opérateurs, malgré le satisfecit des services de l’Etat, jongler avec des budgets en baisse…

Notes

(1) Voir ASH n° 2764 du 15-06-12, p. 21.

(2) « Les CREAI et leurs relations avec les ARS et les DRJSCS-Etat des lieux 2011 ».

(3) 18 CREAI intervenaient en 2011 sur l’ensemble du territoire national, à l’exception des Antilles et de la Guyane. Cinq sont présents sur deux régions, deux du fait de leur caractère interrégional, deux autres à la suite de la fermeture de deux d’entre eux, un de sa propre initiative.

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