« Le suicide des âgés est un phénomène sous-évalué et banalisé, voire tabou. » Pourtant, « chaque année, 3 000 personnes de plus de 65 ans mettent fin à leurs jours. C’est près de 30 % du total des suicides en France, alors que les plus de 65 ans constituent environ 20 % de la population française », s’inquiète la ministre déléguée chargée des personnes âgées et de l’autonomie dans un communiqué diffusé le 10 septembre – journée mondiale de prévention du suicide – à l’issue de sa visite à l’association Au bout du fil, qui lutte contre la solitude des personnes âgées. Une visite au cours de laquelle Michèle Delaunay a annoncé un « premier volet de mesures » afin d’essayer d’endiguer le phénomène.
Pour la ministre déléguée, il faut en premier lieu renforcer la formation des professionnels. Elle a donc demandé à l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux d’inscrire dans son programme de travail des éléments de sensibilisation aux risques suicidaires pour les personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Parce que près de 70 % des suicides de personnes âgées ont lieu au domicile, Michèle Delaunay a aussi demandé que la mallette MobiQual (« mobilisation pour l’amélioration de la qualité des pratiques professionnelles ») (1), qui contient des fiches pratiques aidant à mieux diagnostiquer et prendre en charge la dépression des personnes âgées, soit distribuée aux professionnels de l’aide à domicile des services de soins infirmiers à domicile, des services polyvalents d’aide et de soins à domicile…
Autre axe d’actions avancé par la ministre déléguée : « sensibiliser les acteurs du secteur et le grand public ». Pour ce faire, elle entend installer au sein de son ministère un groupe de travail réunissant des gérontologues, des institutionnels, des associations et des chercheurs. Son objectif : « favoriser la mise en réseau des associations et structures qui travaillent déjà sur la prévention du suicide des âgés et sur la lutte contre l’isolement social ». Michèle Delaunay a aussi indiqué qu’elle réactiverait, « d’ici à la fin de l’année », le Comité national de vigilance et de lutte contre la maltraitance des personnes âgées et handicapées, en sommeil depuis 2009. Sa première mission sera de plancher sur le suicide des personnes âgées à domicile.
(1) Il s’agit d’un programme national porté par la Société française de gériatrie et de gérontologie et soutenu par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie.