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Drogues : vers l’ouverture de salles de consommation en France ?

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Avec le nouveau gouvernement, les salles de consommation de drogues vont-elles avoir droit de cité en France ? Déjà autorisés dans huit pays (1), ces lieux qui accueillent des usagers de drogues sous la supervision de médecins, psychiatres, infirmiers, assistants sociaux ou éducateurs, seraient, selon les affirmations de Marisol Touraine sur la chaîne LCI le 30 août, sur le point d’être expérimentés. La ministre de la Santé a indiqué qu’elle « travaillait sur cette question depuis plusieurs semaines, et qu’elle avait engagé, dans ce cadre, des discussions avec des élus et les associations concernées. Nous regardons les exemples qui existent, la manière dont ils peuvent être améliorés. » Une position dans le droit-fil des engagements pris par François Hollande lors de la campagne présidentielle.

En juillet 2010, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait rendu publique une expertise plaidant en faveur de ces centres, sous certaines conditions (2). Néanmoins, le précédent gou­vernement s’était fermement opposé à leur mise en place (3), affirmant que la priorité était « de réduire la consommation des drogues en France, non de l’accompagner, voire de l’organiser ». Deux de ses mi­nistres, Roselyne Bachelot et Nadine Morano, s’étaient toutefois montrées favorables à une expérimentation, tout comme le collectif Elus, santé publique et territoires (ESPT), qui fédère des élus de tous bords politiques (4). « Les salles de shoot constituent l’un des éléments de toute une palette d’outils pour permettre la prévention, l’accès aux soins et la restriction du trafic de stupéfiants », expliquait alors son président, Laurent El Ghozi, adjoint au maire (PS) de Nanterre. Nouveau serrage de vis pourtant, un an plus tard, avec le rapport de la mission parlementaire d’information sur les toxicomanies : « La transposition, en France de l’expérience des centres d’injection supervisés serait extrêmement hasardeuse et n’est en conséquence pas souhaitable. » Des conclusions aussitôt condamnées par 17 organisations (associations du secteur, syndicats, élus…) (5).

Devant une situation jugée « urgente », Jean-Marie Le Guen (PS), adjoint au maire de Paris en charge de la santé, a relancé ledébat le 29 août dans une interview au quotidien Le Parisien. S’inquiétant de la hausse de la consommation d’héroïne dans la capitale, il s’est dit prêt à monter « très rapidement » une expérimentation dans plusieurs arrondissements. D’autres villes – Marseille, Toulouse et Saint-Denis – seraient également intéressées.

L’élu est soutenu par de nombreuses associations – Act Up-Paris, Aides, Fédération Addiction, Gaïa, Médecins du monde, Réseau Réduction des risques, Safe, Sidaction, SOS Hépatites Fédération –, qui militent pour l’ouverture des salles de consommation pour les usagers de drogues les plus précaires depuis de nombreuses années. « En réduisant les risques liés à l’usage de drogues grâce à un environnement sécurisé, [ces salles] instaurent un contact avec les personnes exclues, leur permettant d’intégrer un parcours de soins et des dispositifs sociaux », indiquent-elles dans un communiqué commun. La polémique n’est toutefois pas close, plusieurs voix de l’opposition ayant réaffirmé leur hostilité à ce projet.

Notes

(1) Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, Espagne, Norvège, Suisse, Canada et Australie – Voir notre reportage à Sarrebruck en Allemagne dans les ASH n° 2678 du 15-10-10, p. 36.

(2) Voir ASH n° 2667 du 9-07-10 p. 13

(3) Voir ASH n° 2670 du 20-08-10, p. 32 et n° 2671 du 27-08-10, p. 32.

(4) Salles de consommation contrôlée à moindres risques pour usagers de drogues – Analyses et recommandations des élus locaux – Synthèse disponible sur www.espt.asso.fr, rubrique « Publications ».

(5) Voir ASH n° 2717 du 8-07-11, p. 8 et 20.

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