La pauvreté est en augmentation en France. Tout comme l’INSEE (1), le sixième baromètre IPSOS-Secours populaire (2) en fait le constat alarmant. 37 % des Français (contre 35 % en 2011) disent avoir déjà connu une situation de pauvreté au cours de leur vie. Les jeunes, les femmes, les personnes aux revenus les plus modestes, les personnes peu diplômées, les employés et les ouvriers figurent parmi les premières victimes. Avoir des difficultés pour se nourrir correctement est regardé comme l’un des premiers signes de pauvreté. Mais l’accès à la culture, aux loisirs et aux vacances apparaît aussi important pour trois quarts des sondés. Les revenus sont bien sûr pris en compte : pour les Français, une personne seule est pauvre quand elle gagne moins de 1 062 € net par mois. Si ce seuil moyen est en hausse par rapport à l’année dernière (1 031 €), il reste en deçà du SMIC mensuel net (1 118, 36 €) et légèrement supérieur au seuil de pauvreté officiel (954 € en 2009 selon l’INSEE).
Le baromètre révèle surtout que les Français sont inquiets : 85 % considèrent que les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération. Cette année, le Secours populaire a donc souhaité compléter son enquête en interrogeant des enfants âgés de 8 à 14 ans afin de mesurer leur propre perception (3). 58 % d’entre eux disent avoir « peur de devenir pauvre » et 4 % ont déjà le sentiment d’être pauvre. Ils sont, en outre, 39 % à avoir l’impression qu’il y a « beaucoup » de pauvreté en France. Cette prise de conscience augmente avec l’âge. Selon eux, les inégalités sociales sont visibles à l’extérieur (personnes à la rue) mais aussi à l’école (avec les vacances, les loisirs, les vêtements). 50 % des enfants ont parfois le sentiment que leurs camarades pauvres de leur établissement scolaire sont souvent à part. Ils peuvent d’ailleurs participer à cette mise au ban : 12 % pensent que ce serait difficile d’être ami avec ces enfants. Pourtant, ils estiment à 83 % que la pauvreté est due à un manque de chance plutôt qu’à un manque d’efforts. Si nombre d’entre eux s’estiment « trop petits » pour aider les personnes pauvres, ils sont tout de même attirés par des actions de solidarité (don de vêtements et de jeux, collecte d’argent)… et sont convaincus que la pauvreté en soi n’est pas une fatalité.
Cette enquête rejoint les préoccupations de l’association Droit au logement, qui tire la sonnette d’alarme sur la rentrée scolaire « difficile, voire impossible pour les enfants sans logis ». A côté de ceux hébergés avec leurs parents dans des hôtels très éloignés de leur école, un nombre grandissant vivent dans des familles qui ne sont plus prises en charge.
(1) En 2009, 17,5 % des personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté.
(2) Enquête réalisée du 6 au 9 juillet auprès de 1021 Français âgés de 15 ans et plus et interrogés par téléphone – Disponible sur
(3) Pour ce volet, 500 enfants ont été interrogés par Internet du 4 au 11 juillet dernier.