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« VILLE VIE VACANCES NE PEUT ÊTRE UN DISPOSITIF “HORS SOL” ! »

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Réso Villes, le centre de ressources politique de la ville des régions Bretagne et Pays-de-la-Loire, est sur le point de publier les résultats d’une recherche-action menée avec la direction départementale de la cohésion sociale de Maine-et-Loire sur le dispositif Ville vie vacances (1). Trente ans après sa création, ce dernier, initialement nommé « Opérations anti-été chaud » peut remplir une mission éducative à certaines conditions, défend Chafik Hbila, sociologue, chargé de mission à Réso Villes (2).

Quels étaient les objectifs de cette recherche ?

La direction départementale de la cohésion sociale de Maine-et-Loire nous avait déjà sollicités en 2008 pour mener une première réflexion sur la connaissance des publics du dispositif Ville vie vacances, qui relève de la politique de la ville. Fin 2010, elle nous a demandé une nouvelle recherche sur la façon dont les actions contribuent à favoriser l’accompagnement des jeunes de 16 à 25 ans vers l’autonomie. Après une approche théorique qui a permis la construction d’une grille d’analyse, quatre opérateurs ont accepté de se prêter à l’examen de projets expérimentaux lancés en 2011.

Quelles conclusions en tirez-vous ?

Une première série d’enseignements concerne les limites du dispositif, dues aux « injonctions contradictoires » des politiques publiques. Alors que le dispositif consiste à octroyer des moyens supplémentaires en direction des jeunes éloignés de l’offre d’animation socioculturelle classique, les indicateurs d’évaluation des projets comportent toujours une part de quantitatif. Comment s’adresser à ceux qui sont le plus en difficulté en étant sommé de faire du chiffre ? Par ailleurs, les animateurs sont soumis à un problème de temporalité : le temps administratif – l’année civile – n’est pas celui des jeunes. Faire correspondre les financements à des démarches d’accompagnement, et pas à des projets « ficelés », permettrait une vision moins comptable de l’intervention.

La troisième limite est celle du champ d’intervention des animateurs socioculturels, confrontés à des publics en souffrance sociale et parfois psychologique. Ils sont en première ligne car ils ont noué avec les jeunes, qu’ils connaissent parfois depuis l’enfance, des relations de confiance. Tout en restant fondé sur l’animation collective, le dispositif est donc amené à prendre en compte des individualités. Il occupe un champ d’intervention qui se situe entre l’animation socioculturelle et le travail social.

D’où la nécessité de mieux l’articuler avec les intervenants sociaux ?

Ville vie vacances ne peut être un dispositif « hors sol » ! Il suppose un maillage cohérent du tissu partenarial – que les animateurs soient en lien étroit avec les éducateurs de la prévention spécialisée ou les missions locales par exemple – et plus globalement une meilleure articulation entre les politiques de la jeunesse et la politique de la ville. Il appartient aux territoires de s’approprier ces enjeux.

Et d’un point de vue méthodologique ?

Une seconde série d’enseignements porte sur la pertinence des projets au regard de la situation sociale des publics. Ceux-ci visent à révéler les capacités des jeunes, ce qui est positif, mais les animateurs s’inscrivent dans une démarche « descendante » et proposent un schéma préétabli, en opposition à une méthode « ascendante ». Nous préconisons une « troisième voie » entre ces deux postures, sachant que, compte tenu des objectifs et des publics visés, le dispositif doit reposer sur des animateurs expérimentés.

Qu’en est-il de sa mission éducative ?

Il est censé évoluer vers cet objectif, même si la moitié de ses actions se concentre encore sur l’accès aux loisirs (3). En quittant son cœur de cible – les 11-18 ans qu’il s’agissait au départ d’occuper pendant l’été pour prévenir la délinquance – pour nous intéresser aux 16-25 ans, nous avons voulu inscrire le dispositif dans les processus d’apprentissage et d’insertion. Nous suggérons que les appels d’offres puissent s’adresser à d’autres intervenants que ceux, majoritaires, de l’animation socioculturelle.

Notes

(1) « Accompagner les jeunes vers l’autonomie dans le dispositif Ville, vie, vacances ».

(2) www.resovilles.com.

(3) Selon les dernières données de l’ACSE, qui anime et cofinance le programme avec, notamment, les collectivités territoriales ? Disponibles sur www.lacse.fr.

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