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Pour qu’on les regarde en face

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Spécialisé dans les photos de mariage, Ulrick Théaud s’est mis à réaliser des portraits de sans-abri. Il nous invite aujourd’hui à tourner le regard vers ces gens qu’on ne voit plus.

Une photo de mariage. Couple heureux, jolies robes et petits-fours. A l’extrême opposé, un portrait d’un sans-abri. Mendiant au sourire édenté, avachi sur un trottoir. Les deux images ont été prises par une seule et même personne, Ulrick Théaud, dit « Théo ». Comment ce photographe de mariage implanté dans le Var se retrouve-t-il à exposer aux Rencontres européennes du portrait photographique les dizaines de visages de sans-abri qu’il a immortalisés aux quatre coins du monde ? « Le fruit d’une rencontre extraordinaire, témoigne l’artiste. Lors d’un voyage à Londres, j’ai remarqué devant la galerie d’art moderne un SDF à genoux qui tendait la main sous la pluie battante. Tout le monde passait devant lui sans le voir. Après quelques minutes d’observation, j’ai décidé d’aller à sa rencontre. A partir du moment où je me suis assis à côté de lui, les pièces ont commencé à tomber dans sa coupelle : il n’était plus invisible ! » Théo a alors envie de lui donner une nouvelle existence sur pellicule. Le homeless accepte. Son portrait, la cigarette coincée entre les lèvres, a trouvé une place de choix dans l’exposition « Les hommes au grand cœur ». Car, dès lors, Théo décide qu’à chacun de ses déplacements, il ira discuter avec des SDF et les immortalisera dans des portraits noir et blanc – « cela donne plus d’émotion et un côté intemporel aux clichés ». Las Vegas, Montréal, Paris ou Provence, Théo s’assoit à côté des sans-abri et entame le dialogue. « Je ne vois plus la saleté, je ne sens plus l’odeur nauséabonde, je vais au-delà de cela et j’essaie de les rendre beaux en montrant ce qu’ils ont à l’intérieur. » Ceux qui ont refusé de lui laisser leur image se comptent sur les doigts d’une main. « Ils sont au contraire heureux que l’on s’intéresse à eux », dit le photographe, dont l’unique souhait est de mettre ces hommes et ces femmes dans la lumière, « afin qu’on les regarde en face, pour une fois ». Les portraits sont présentés en format 60 × 80 cm, seuls, en diptyques, voire en triptyques. En guise de scénographie, Théo a installé des bandes noires au sol devant les portraits, incitant ainsi les visiteurs à porter leurs regards vers le bas, vers ces trottoirs où vivent les SDF. Pour ce travail, Théo a décroché le titre de « portraitiste de France » et l’Objectif d’or au Congrès du groupement national de la photographie professionnelle de Lyon.

Les hommes au grand cœur – Jusqu’au 23 septembre au caveau des Remparts de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), dans le cadre des 5es Rencontres européennes du portrait photographique « L’été des portraits » (www.etedesportraits.com) – Du 17 au 31 octobre à La Garde (Var) – Rens. : www.theo-photographe.com

Culture

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