Favoriser l’auto-évaluation des besoins des aidants qui accompagnent un proche âgé, handicapé ou atteint d’une maladie chronique, c’est l’objectif du projet européen coordonné par l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) (1) qui a réuni dix associations nationales issues de neuf pays de l’Union européenne (2) sur cette question et qui livre aujourd’hui ses résultats. L’auto-évaluation permet en effet à l’aidant de prendre conscience de ses problèmes, de définir ses besoins, de demander les aides nécessaires et de prévenir les situations d’épuisement. La création d’outils permettant de la réaliser est d’autant plus importante qu’elle constitue « un grand pas vers la reconnaissance des aidants en tant que partenaires d’accompagnement » (3).
Les auteurs ont identifié plusieurs obstacles à cette auto-évaluation. Tout d’abord, les liens familiaux et l’affection rendent difficile pour les personnes concernées de s’identifier comme « aidants » car elles jugent cet accompagnement « naturel ». Ensuite, elles ont du mal à exprimer leurs besoins du fait de leur isolement, du manque d’information sur les formes de soutien disponibles, de la fatigue, de la concentration de toute leur attention sur les besoins de la personne accompagnée et de l’absence de coopération de qualité avec les professionnels.
Comment mettre en œuvre cet outil d’auto-évaluation ? Le rapport recommande que les aidants puissent l’utiliser seuls, de façon informelle, dans le cadre de leurs activités quotidiennes. Cet outil est composé de « modules de questions » (sur le rôle de l’aidant, sa santé, son emploi, son logement, ses droits et démarches…) et son contenu vise à examiner les besoins physiques, psychologiques, sociaux, professionnels et financiers de l’aidant afin de graduer ses difficultés ou ses besoins.
Autant que possible, l’organisation ou le service qui a offert l’accès à l’auto-évaluation doit suivre la situation de l’aidant afin de l’orienter vers un « dispositif de formation ou d’apprentissage ». Si l’auto-évaluation montre une vulnérabilité particulière, elle doit donner lieu à une intervention immédiate des services de soutien appropriés. Les auteurs livrent aussi des recommandations sur les modules de formation à développer à l’intention des aidants pour les sensibiliser à leur rôle et leur permettre « de poser un regard critique et renforcer leurs capacités à faire des choix ».
Dans la foulée de ce rapport, l’Unapei réfléchit à l’élaboration d’un guide ainsi que d’une formation destinés aux aidants de personnes handicapées mentales.
(1) Ce projet était financé par le programme européen d’éducation et de formation tout au long de la vie « Grundtig », qui a pour objectif de promouvoir l’éducation des adultes. Le rapport est disponible sur
(2) Belgique, Bulgarie, Chypre, Egypte, France, Italie, Irlande, Luxembourg, Slovaquie.
(3) En France, l’Association française des aidants va créer un outil d’évaluation qui pourra être utilisé par un professionnel pour identifier le type d’aide dont l’aidant a besoin – Voir le « Questions à Florence Leduc », présidente de l’association, dans les ASH n° 2767 du 6-07-12, p. 26.