Promouvoir une « nouvelle politique sur les drogues et les addictions », c’est l’objectif de la charte lancée le 13 juillet par des médecins et des associations (1) et soutenue par la sénatrice (PC) Laurence Cohen, rapporteure de l’avis de la commission des affaires sociales du Sénat sur les crédits de la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) présenté dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012. Considérant que « la stratégie dite de “guerre à la drogue” a échoué », ce texte jette le discrédit sur la loi du 31 décembre 1970 relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et l’usage illicite de substances vénéneuses, qui a conduit à une politique « obsolète » et « régressive ». Il condamne notamment « la dérive sécuritaire fondée sur l’interdit de certaines drogues », « une prévention lacunaire et inefficace », un coup d’arrêt porté aux dispositifs visant à la réduction des risques et met en cause la gouvernance de cette politique portée par la MILDT, « obsédée par une posture idéologique lui faisant perdre le sens de sa mission ».
Réclamant un « changement d’optique », les auteurs de la charte souhaitent que la « nouvelle politique sur les drogues » ait pour objectif la régulation des usages de toutes les drogues (y compris l’alcool, le tabac, les jeux de hasard, d’argent et les jeux vidéo sur Internet). Sans supprimer « l’interdit sur les drogues », les auteurs réclament la dépénalisation de l’usage de stupéfiants, c’est-à-dire la suppression de la sanction pénale attachée à un comportement individuel.
Cette nouvelle politique doit mettre l’accent sur la prévention des addictions notamment en milieu scolaire. Autre priorité : la réduction des risques et des dommages par la mise en place de dispositifs – comme les salles de consommation – qui cherchent à atteindre des populations souvent précarisées. Le soin à travers le développement des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie et des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue et la réduction de l’offre de drogue font aussi partie des axes défendus. Enfin, les signataires réclament une nouvelle gouvernance basée sur la consultation du milieu associatif, des professionnels et des usagers de drogues. Dans l’immédiat, Laurence Cohen, qui a demandé un rendez-vous au Premier ministre, souhaite organiser une audition des coauteurs de cette charte devant la commission des affaires sociales dès l’automne.
(1) Dont Jean-Michel Costes, directeur de l’OFDT, Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction, Pierre Chappart, coordinateur du Réseau français de réduction des risques… Plusieurs centaines de personnes ont déjà signé cette charte – Disponible sur