« Les secteurs de la santé, du médico-social et du social doivent être exemplaires en matière de qualité de vie au travail », affirme Nathalie Canieux, secrétaire générale de la CFDT Santé-sociaux, qui présente 50 propositions pour améliorer les conditions de travail dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux de la fonction publique hospitalière (FPH) (1). Ce document a été élaboré à partir des témoignages de 56 400 agents des cinq filières de la FPH – dont 2 229 (492 établissements) pour la filière socio-éducative – qui ont répondu en 2011 à un questionnaire portant sur leurs conditions de travail (2). Les personnels de la filière socio-éducative (assistants socio-éducatifs, moniteurs-éducateurs, aides médico-psychologiques) y décrivent notamment la dégradation de leurs conditions de travail liée au rythme, à l’intensité et à la charge physique. Le manque de personnel et l’absence de reconnaissance sont aussi cités. « Dès la parution de cette enquête, des progrès ont été constatés dans certains territoires : c’est le cas dans le Doubs où les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ont négocié avec l’agence régionale de santé un plan de formation pour les aides-soignantes », se félicite Dominique Coiffard, secrétaire national du secteur public de la CFDT Santé-sociaux.
La CFDT veut aller plus loin et en appelle à « un management socialement responsable […] qui se préoccupe des conditions d’exercice des métiers et intègre les évolutions professionnelles ». Elle préconise le développement de « la responsabilité sociale des établissements », en référence à « la responsabilité sociétale des entreprises », démarche issue du développement durable qui consiste, pour ces dernières, à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités. Elle suggère notamment d’inscrire ces objectifs sociaux dans les contrats d’objectifs et de moyens des structures. Parallèlement, elle souhaite que les établissements réalisent un diagnostic de leur situation sociale, à partir d’indicateurs sociaux tenant compte « des réalités locales » de la structure. Objectif : connaître les dysfonctionnements pour mieux les résoudre. Premier marqueur des conditions de travail, l’absentéisme nécessite une attention particulière, relève également l’organisation. Pour le prévenir, elle propose de mettre toutes les parties prenantes autour de la table – partenaires sociaux, médecine du travail, service social – afin d’analyser ensemble ce qui explique le phénomène et de mettre en œuvre un programme de prévention, à l’image de ce qui existe dans le secteur privé (3). Par ailleurs, créer « un management socialement responsable » passe notamment par la mise en place de lieux d’écoute (réunions trimestrielles où chacun s’exprime en toute liberté). « Obliger à ce que des lieux de parole existent pour observer les problèmes permettra de ne plus faire l’impasse sur ces sujets », explique Dominique Coiffard.
Au final « à toute initiative doit être associé un projet social », déclare Nathalie Canieux, qui attend du ministère des Affaires sociales et de la Santé qu’il donne « une impulsion nationale » à cette question. Ces propositions ont été remises à la direction générale de l’offre de soins, à la Haute Autorité de santé et le seront prochainement à la ministre de la Santé.
(1) Soit les établissements d’hospitalisation publics, les maisons de retraite publiques, les établissements publics ou à caractère public relevant des services départementaux de l’aide sociale à l’enfance, les établissements publics pour mineurs ou adultes handicapés ou inadaptés, les centres d’hébergement et de réinsertion sociale publics ou à caractère public.
(2) Résultats disponibles sur
(3) Les partenaires sociaux ont conclu, le 2 juillet 2008, un accord sur le stress au travail.