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JEUNES HOMOSEXUELS ISOLÉS : LE REFUGE AJOUTE UN MAILLON À SA PRISE EN CHARGE

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Il y a dix ans naissait Le Refuge, qui se donnait pour mission d’accompagner et d’héberger temporairement en appartements-relais (1) des jeunes victimes d’homophobie. D’abord basée à Montpellier, l’association s’est peu à peu agrandie à l’échelon national et va proposer des appartements-tremplins à Alfortville (Val-de-Marne). Explications de Nicolas Noguier, son président.

Pourquoi accroître la capacité d’hébergement du Refuge ?

Nous avons une liste d’attente exponentielle – aujourd’hui de 350 personnes – de jeunes de 18 à 25 ans, parfois même des 15-18 ans, qui ont été rejetés par leurs parents à la suite de la découverte de leur homosexualité, de leur bisexualité ou de leur transsexualité et qui se retrouvent en situation d’isolement. En 2002, lorsque j’ai cofondé l’association, j’avais repéré un besoin mais je ne pensais pas que l’on serait à ce point submergé. Nous bénéficions de 45 places d’hébergement avec un accompagnement par une conseillère en économie sociale et familiale, essentiellement à Montpellier (10 places) et à Paris (13 places). D’autres appartements sont disséminés à Lyon et à Marseille. Nous avons pour ambition de créer une multitude de structures de petite taille – de 15 à 20 places – dans les grandes villes françaises. Nous venons ainsi de signer une extension de capacité à Paris avec sept nouvelles places en appartements-relais dans un immeuble du IIe arrondissement. Les prochaines ouvertures devraient se faire à Toulouse et sur l’île de la Réunion.

Reste à ouvrir des places d’hébergement et à proposer un accompagnement dans le département du Nord, où les travailleurs sociaux sont de plus en plus nombreux à nous contacter.

Vous venez également de signer une convention de partenariat avec la commune d’Alfortville…

En effet, il y a trois ans, Luc Carvounas, sénateur-maire (PS) d’Alfortville, nous a contactés en proposant d’ouvrir une résidence sociale dans sa commune. Mais cela s’apparentait trop à un ghetto alors que nous visons, au contraire, l’intégration des jeunes homosexuels. Le projet s’est transformé en appartements-tremplins répartis dans les HLM de la ville pour les jeunes suivis par le Refuge qui arrivent au terme de leur prise en charge (six mois renouvelables une fois) et qui sont capables de s’inscrire dans un processus d’insertion. Généralement, après leur séjour au Refuge, ils sont stabilisés, ont pu bénéficier d’un accompagnement psychologique et social et ont trouvé du travail. Il ne leur manque qu’un logement pérenne pour prendre leur envol. Ces appartements à baux glissants étaient le chaînon manquant à notre dispositif ! La commission d’admission se réunit cet été pour attribuer ces logements. Les premiers locataires emménageront en septembre à Alfortville. Ils bénéficieront d’un accompagnement social lié au logement proposé par le Relais 94, un service d’accompagnement à la vie sociale.

Le Refuge va également travailler avec la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) (2)

Nous avons constaté un manque de formation initiale des travailleurs sociaux sur les questions d’homosexualité alors que cette dernière nécessite une prise en charge particulière. De cette observation est né un partenariat qui fait du Refuge l’association de référence de la DPJJ pour l’élaboration et la mise en œuvre d’actions visant à lutter contre les discriminations relatives à l’identité sexuelle et à l’identité de genre. Nous proposerons à partir de 2013 des modules de formation de deux jours à l’école nationale de la PJJ, qui porteront sur les représentations et la non-discrimination envers les mineurs et les adultes, et sur la prise en charge des mineurs en recherche de leur identité sexuelle. A terme, nous souhaitons également intervenir auprès des jeunes homosexuels placés en milieu fermé pour lutter contre leur isolement.

Notes

(1) Tous les dispositifs du Refuge sont conventionnés ALT (allocation de logement temporaire) et bénéficient de l’agrément « intermédiation locative et ingénierie sociale » délivré par les directions départementales de la cohésion sociale (pour l’Hérault, le Rhône et les Bouches-du-Rhône) et par la direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement en Ile-de-France.

(2) Voir ASH n° 2765 du 22-06-12, p. 14.

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