Quand la maladie déménage

La bande dessinée commence par le CV du héros : Alex, 33 ans, né à Paris, 1,80 mètre, 57 kilos, ancien directeur artistique dans la pub, treize ans de sclérose en plaques, traité par chimiothérapie. Derrière Alex Gaultier se cache Arnaud Gautelier, qui raconte ici son histoire. En 2006, déjà, paraissait son livre-témoignage J’te plaque, ma sclérose (Ed. Philippe Rey). Quelque temps plus tard, il créait l’association Notre sclérose, qui recueille des témoignages de malades (1). Aujourd’hui, il s’adresse à son ami Renaud Pennelle, dessinateur, afin qu’il illustre un épisode important de sa vie : les années où il décide, avec sa petite famille, de partir de Paris pour s’installer à Nantes, où il vivra son handicap d’une toute autre façon. Dans les pages parisiennes, Alex est cynique, constamment de mauvaise humeur, énervé par les incivilités, en colère contre son neurologue de l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Très vite, on comprend que les traitements de la sclérose en plaques rendent irritables. Quand sa femme trouve un emploi dans la Loire-Atlantique, il rechigne tout d’abord à s’éloigner de ses amis, avant de se laisser convaincre de déménager. Il s’épanouira finalement à Nantes, où les gens lui semblent plus ouverts, les médecins plus compréhensifs… et où l’ascenseur est assez grand pour son fauteuil ! Derrière ce changement d’humeur se cache sans doute un changement de médication ou, tout simplement, une acceptation de la maladie. Mais, à Paris comme à Nantes, Alex souffre. Le dessinateur illustre sa douleur par des centaines de fourmis qui circulent entre les bulles. Pire : parfois, les jambes d’Alex sont entourées de fils barbelés, pour mieux symboliser les « poussées » – les crises qui caractérisent cette maladie inflammatoire du cerveau et de la moelle épinière.