PROFESSION DE CONFIANCE. La profession d’assistante de service social, historique dans le travail social, a été consacrée par un diplôme dès 1932. Mais, pendant la guerre et l’immédiat après-guerre, le métier sera exercé par beaucoup de « faisant fonction », faute de bataillons suffisants d’assistantes diplômées pour répondre aux besoins. Il n’empêche : en décembre 1944, quand les assistantes sociales décident de se regrouper en association, c’est leur professionnalité qu’elles mettent en avant. Comme son intitulé l’indique, l’Association nationale des assistantes sociales diplômées d’Etat (Anasde) fait le choix de ne s’adresser qu’à des professionnelles dont la qualification est validée par une certification. Les intéressées sont nombreuses à se mobiliser : 80 lors de l’assemblée constitutive de l’association, elles sont plus de 4 600 fin 1945, ce qui représente, selon les estimations, 58 à 77 % des professionnelles alors diplômées. Comment ces dernières se sont-elles organisées et, surtout, comment ont-elles pensé leur métier ? Se livrant à une minutieuse reconstitution des premières années de l’Anasde (devenue ANAS en 1948), le sociologue Henri Pascal met en relief la vision moderne et engagée du service social que défendent les promotrices de l’association. Une activité qui n’est « pas au service de ceux qui […] rétribuent » les assistantes sociales, « mais au service de ceux qui s’adressent à elles », souligne Ruth Libermann, première présidente de l’Anasde. Il s’agit avant tout d’une relation personnelle, fondée sur la confiance du « client » garantie par le secret professionnel, mais qui, au-delà de l’aide aux individus et aux familles, doit contribuer à l’amélioration de la société et de ses institutions.
La construction de l’identité professionnelle des assistantes sociales. L’Association nationale des assistantes sociales (1944-1950) – Henri Pascal – Ed. Presses de l’EHESP – 26 €