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Le gouvernement veut « en finir » avec la stigmatisation des pauvres

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Le 2 juillet, la ministre des Affaires sociales et sa ministre déléguée chargée de la lutte contre l’exclusion ont rencontré dix associations (1) œuvrant dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. L’objectif est ambitieux : mettre en œuvre un processus pérenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, en définir les priorités pour, au final, aboutir à l’élaboration d’une grande politique publique. Dans tous les cas, a martelé Marisol Touraine, il faut « en finir avec le discours de stigmatisation » des personnes pauvres.

Pas besoin d’objectifs chiffrés

Faut-il se fixer des objectifs chiffrés de réduction de la pauvreté ? Cela n’est « pas nécessaire », a répondu la ministre des Affaires sociales, le but étant d’« aller le plus loin possible en la matière ». « Le seul objectif qui vaille, c’est zéro. » Et, pour y parvenir, il faut « engager une plus grande efficacité et un plus grand ciblage des politiques [mises en œuvre] ». Quant à la mesure de la pauvreté, Marisol Touraine a indiqué qu’elle accéderait à la demande des associations de supprimer l’indicateur de pauvreté ancré dans le temps comme indicateur central du tableau de bord des indicateurs de pauvreté. Une demande également formulée par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, au motif que cet indicateur est source de confusion et d’une fausse appréciation de l’impact des politiques menées (2).

Clarifier le rôle de chacun

Mettre en œuvre une telle politique de lutte contre la pauvreté et l’exclusion suppose de la « transparence et de la clarté des rôles des uns et des autres », a souligné la ministre des Affaires sociales, pour qui les associations ont un rôle important à jouer. Pour Marisol Touraine, il appartient à l’Etat de définir les priorités et les objectifs de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion et non de se substituer aux associations. Il doit leur « donner de la visibilité dans le temps pour qu’elles puissent mener à bien les politiques », a affirmé la ministre, tout en renvoyant la question de leurs moyens à une réunion plus formelle qui devrait se tenir « à l’automne ». Pour aller plus loin, Marisol Touraine a également indiqué que, dans le cadre du futur acte III de décentralisation, il fallait réfléchir à la nécessité « de mieux identifier encore la manière d’ancrer nos politiques sociales au niveau local ».

Deux chantiers identifiés

Pour la ministre déléguée chargée de la lutte contre l’exclusion, cette rencontre prend tout son sens à la veille de la conférence sociale des 9 et 10 juillet où elle entend en effet « parler des différentes facettes de l’emploi, sans laisser les pauvres de côté ». Marie-Arlette Carlotti s’est aussi proposée d’y relayer les contributions écrites des associations – qui ne sont pas conviées à cette grand-messe – afin de nourrir le débat. Ce sera aussi l’occasion d’entamer la construction d’une véritable politique publique interministérielle, a-t-elle affirmé, et d’élaborer une feuille de route pour y parvenir. Deux chantiers ont d’ores et déjà été identifiés. Le premier concerne l’effectivité des droits. En effet, s’inquiète la ministre déléguée, deux tiers des personnes pouvant prétendre au revenu de solidarité active « activité » ne le font pas par méconnaissance du dispositif et du fait de sa complexité. Autre axe de travail : la gouvernance. Qui peut être le chef de file de la politique de lutte contre la pauvreté et l’exclusion ? Qui doit y participer ? Comment faire participer les personnes pauvres (3) ? En tous les cas, estime Marie-Arlette Carlotti, « il faut profiter du dynamisme des collectivités locales ».

Cette rencontre avec les associations a aussi été l’occasion pour les deux ministres d’annoncer la prochaine suppression du droit d’entrée de 30 € par an dont les bénéficiaires de l’aide médicale de l’Etat doivent s’acquitter (4). Une disposition qui figure dans le projet de loi de finances rectificative pour 2012 présenté le 4 juillet en conseil des ministres (voir ce numéro, page 6).

Notes

(1) Le Secours populaire, le Secours catholique, les Restos du cœur, l’Armée du salut, la Croix-Rouge, Emmaüs, ATD quart monde, la Fédération française des banques alimentaires, la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) et l’Uniopss (Union nation interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux).

(2) Voir ASH n° 2736 du 9-12-11, p. 5.

(3) Rappelons que le CNLE a récemment installé en son sein un collège de représentants de personnes en situation de pauvreté et de précarité – Voir ASH n° 2765 du 22-06-12, p. 9.

(4) Voir ASH n° 2700 du 11-03-11, p. 10 et n° 2702 du 25-03-11, p. 13.

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