UN GENTLEMAN SUR LE RETOUR. Capitaine Cocorico… C’est sous ce pseudonyme pour le moins inattendu qu’Arsène Lupin, le célèbre gentleman cambrioleur, apparaît dans cet ultime roman rédigé en 1936 par Maurice Leblanc, et oublié depuis dans un tiroir. Toujours aussi désinvolte et séducteur, l’aventurier s’est mis en tête de prendre en main la jeunesse populaire de la « zône » – il l’orthographie ainsi – autour de Pantin (Seine-Saint-Denis). Tous les matins, à sa façon assez martiale, il réunit sa troupe d’enfants et d’adolescents dépenaillés pour une série d’exercices et des discours destinés à leur insuffler l’estime de soi. « Un enfant ne doit pas être malheureux par la faute de ceux qui ont la charge de le rendre heureux, leur lance-t-il. Si personne ne vous écoute, venez me trouver. Je ne suis pas seulement l’instructeur qui surveille la souplesse de votre corps, je suis celui qui assiste, qui protège et qui aime. » Proto-éducateur de rue, il n’hésite pas à jouer les redresseurs de tort en allant dire son fait à un père maltraitant. Prônant « la morale civique, l’énergie, la propreté, la fierté », il se pose aussi en protecteur des jeunes filles brutalisées… avec des moyens bien à lui. Bien sûr, il ne s’agit là que de l’un des aspects d’une intrigue romanesque et historique complexe qui amène Lupin à lutter contre un lord anglais prétendant épouser la femme qu’il aime. Ce roman n’est sans doute pas l’un des mieux écrits de Maurice Leblanc. Malade, il n’avait pu le retravailler comme à son habitude. Mais les amateurs du maître de l’Aiguille creuse retrouveront leur héros avec plaisir sur la plage, dans le métro ou simplement chez soi.
Le dernier amour d’Arsène Lupin – Maurice Leblanc – Ed. Balland – 17,90 €