Entre les gazouillis de bébés, les lourdes portes qui grincent et les pas rapides des soignants, l’émission Sur les docks retranscrit précisément l’effervescence qui règne dans les couloirs de l’Hôpital mère-enfant de l’Est parisien, seul établissement de Paris intra-muros à accompagner les jeunes mamans en situation de grande vulnérabilité. Dernier recours pour ces femmes souffrant d’addictions, de troubles psychopathologiques, du sida, d’une hépatite ou d’une infirmité, ce centre de soins de suite a comme priorité de faciliter la mise en place du lien mère-enfant, tout en faisant une place au père, et, du même coup, de prévenir les cas de maltraitance. Ce qui ne l’empêche pas, si nécessaire, d’accompagner des accouchements sous X ou des séparations parent-enfant.
Alors que l’arrivée d’un nouveau-né est le plus souvent assimilé à un moment de bonheur, pour certaines femmes, elle est synonyme de détresse. A l’heure où la plupart des maternités demandent aux mères de rentrer au domicile quelques jours après l’accouchement, à l’Hôpital mère-enfant, une large équipe pluridisciplinaire est en capacité de garder les patientes jusqu’à trois mois après la naissance. Au micro de France Culture, on entend les voix de quelques témoins, mais toujours anonymes : cette femme enceinte traumatisée par une fausse couche antérieure ; cette autre qui, au troisième trimestre de sa grossesse, n’a encore entrepris aucune démarche médicale ou sociale ; ou encore cette mère, dont la voix semble étrangement perdue, qui avoue : « Je ne sais pas trop m’occuper de bébés »… Tous les cas sont traités à l’Hôpital mère-enfant avec l’ambition d’aider ces femmes en précarité matérielle, psychique et affective à renforcer leurs compétences parentales, et de mettre en place les conditions d’une prise d’autonomie. Les journalistes de France Culture ont aussi interrogé le professeur Claude Lejeune, spécialiste en périnatalité et addiction, Jean Ebert, psychiatre et directeur de l’Hôpital mère-enfant, et Paule Herschkorn-Barnu, gynécologue-obstétricienne et directrice de Solipam (un réseau d’accès aux soins pour les femmes enceintes ou ayant accouché en situation de grande précarité), ainsi que des éducatrices de jeunes enfants, des médecins généralistes, des psychologues qui, malgré leur modestie, apportent un grand soutien.
A l’hôpital mère-enfant de l’Est parisien. Le mal des mères – Claire Hauter et Guillaume Baldy – 54 min – Emission « Sur les docks » du 6 juin 2012, à écouter en ligne sur