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Intégration : une étude donne la parole aux migrants

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Pour la première fois, deux organisations ont interrogé les migrants vivants dans sept pays européens sur leur vision de leur parcours d’intégration. En France, malgré un fort désir de participation citoyenne, les immigrés se heurtent à des blocages administratifs.

Comment les migrants perçoivent-ils leur intégration dans leur pays d’accueil ? C’est ce qu’ont souhaité savoir la Fondation Roi-Baudouin et le Migration Policy Group qui ont interrogé près de 7 500 immigrés, nés en dehors de l’Union européenne, vivant dans 15 villes d’Europe de sept principaux pays d’im­migration (Belgique, France, Allemagne, Espagne, Italie, Hongrie et Portugal), sur leurs démarches administratives, leur accès à l’emploi, leur citoyenneté… Les deux organisations visent ainsi à faire entendre la voix des migrants pour « influencer la formulation des politiques d’intégration et d’immigration en Europe ».

« Des autorités arbitraires »

Les conclusions de cette étude inédite (1) montrent que les migrants installés en France – près de 1 000 personnes vivant à Lyon et à Paris ont été interrogées – se heurtent au pouvoir discrétionnaire de l’administration. Ainsi, concernant l’introduction d’une demande de séjour de longue durée, 30 % des répondants ont considéré « les autorités comme arbitraires et injustes », ce qui n’était pas le cas en Allemagne et en Espagne. Environ 10 % mentionnent les difficultés à remplir les conditions et/ou les documents requis. De même, la moitié des immigrés interrogés en France ont renoncé à demander la nationalité française au vu de « la trop grande difficulté de la procédure de naturalisation ». Les problèmes de procédure sont aussi cités par les immigrés ayant demandé un regroupement familial . 38 % des personnes interrogées en France ont déclaré que les autorités pouvaient trop « faire ce qu’elles voulaient » pendant la procédure. Elles ont rencontré des problèmes pour remplir les conditions (23 %) et pour obtenir les documents requis (10 %).

A Paris, 68 % des répondants estiment avoir des difficultés pour apprendre le français par manque de temps ou d’information. Néanmoins, parmi ceux qui ont suivi des cours de langue ou d’intégration (46 %), la majorité se dit satisfaite de leur impact sur leur vie quotidienne. Les obstacles restent nombreux en ma­tière d’accès à l’emploi : 68 % des personnes interrogées en France estiment avoir eu des problèmes pour trouver un travail (contrats d’emploi temporaire, non-reconnaissance de la qualification acquise à l’étranger, discriminations de la part des employeurs).

L’étude révèle aussi les effets positifs de certains dispositifs d’intégration : 90 % des bénéficiaires du regroupement familial estiment avoir une vie plus facile, 80 % se sentent « mieux installés dans le pays ». De même, dans tous les Etats interrogés, les migrants ayant un permis de séjour de longue durée déclarent que ce statut « leur a souvent permis d’avoir un emploi et parfois de bénéficier d’une meilleure éducation et de s’impliquer davantage ». Ceux qui obtiennent la nationalité témoignent aussi de ce sentiment d’inclusion dans la société française. Pourtant, seuls 56 % des migrants ayant passé plus de 20 ans sur le territoire français sont devenus des citoyens français alors que la plupart des personnes interrogées y aspirent. C’est d’ailleurs dans les villes françaises que « le plus grand nombre de refus [d’acquisition de la nationalité a été] signalé », pointe l’étude.

Un désir de participation

Alors que le droit de vote des étrangers divise la classe politique française, l’enquête montre que les migrants présents en France sont ceux qui souhaitent le plus s’engager dans un processus de partici­pation électorale, qu’ils possèdent ou non la nationalité française. Ils sont près de 92 % à déclarer vouloir participer aux élections, devant les personnes vivant en Espagne (87 %), en Italie (78 %), en Belgique (76 %) et au Portugal (74 %). Ces résultat indiquent un niveau élevé d’intérêt et d’implication des migrants dans la vie politique nationale et mettent en évidence « la spécificité du rapport au vote en France, avec un rappel de la norme civique et participative intense, intériorisée sur le plan des valeurs par les individus », commente Antoine Jardin, doctorant au Centre d’études européennes de Sciences Po Paris (2). Malgré ce désir de participation, rares sont les migrants affiliés à une organisation d’immigrés en France (6 %), ce qui s’explique peut-être par le fait que « les associations “généralistes” jouent dans une certaine mesure le rôle des organisations de migrants dans les autres pays européens », explique Antoine Jardin.

Notes

(1) Présentées le 28 juin lors du colloque organisé à Science Po Paris : « L’intégration vécue par les migrants : quels obstacles, quelles attentes ? » – Disponible sur www.france-terre-asile.org.

(2) Dans La lettre de France terre d’asile n° 53 – Juin 2012 – Disponible sur www.france-terre-asile.org.

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