Après être passée en 2010 « près de l’abîme », 2011 devait être pour Adoma « l’année du redressement ». « Nous dégageons désormais des bénéfices permettant d’investir dans la rénovation des foyers », annoncent Jacques Barthélémy, président du conseil d’administration de la société d’économie mixte, et Bruno Arbouet, son directeur général. Tous deux se veulent rassurants après le plan de restructuration qu’ils ont engagé en mars 2011 et qui s’est accompagné de la suppression de 250 postes dans le cadre d’un plan de départ volontaire, de la fermeture de la fondation Adoma et de la disparition des directions départementales au profit des directions régionales (1). « L’heure est à présent aux nouveaux défis », avancent les dirigeants. Premier d’entre eux, la mutation de la clientèle des foyers. Alors que les travailleurs migrants ont longtemps été majoritaires, ils ne représentent plus que 24 000 des 100 000 personnes logées. Les personnes sans domicile et les travailleurs pauvres sont désormais les plus nombreux.
Pour favoriser l’accueil des jeunes précaires pour lesquels l’accès au logement est souvent facteur d’insertion, Adoma s’est rapprochée en 2011 de l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) pour faciliter le logement des stagiaires en formation. « L’offre doit aussi être mieux adaptée à ce nouveau public. Le redressement d’Adoma va permettre de réhabiliter des logements et d’en construire de nouveaux », promet Bruno Arbouet. Pour la période 2012-2021, plusieurs millions d’euros devraient ainsi être investis chaque année pour traiter 22 000 chambres dont la surface est inférieure ou égale à 9 m2, réaliser des travaux d’entretien (sécurité incendie, risques électriques, gaz…) et faire des économies d’énergie sur les 600 sites de la société d’économie mixte. « La rationalisation des espaces collectifs dans les résidences existantes devraient, en outre, permettre de créer plus de 1 000 logements supplémentaires », précise le directeur général.
Adoma compte également mettre l’accent sur l’accompagnement social, notamment en direction des « chibanis », les travailleurs migrants âgés. Elle a, en ce sens, signé le 22 mai dernier une convention de partenariat avec la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) pour leur faciliter l’accès au droit à la santé, à la retraite et aux allocations complémentaires, mettre en place des actions de prévention de la perte d’autonomie et, surtout, développer des aides au maintien à domicile pour ces hommes qui finiront leurs jours dans les foyers (2). Autre public dont l’accompagnement social est de plus en plus important : les demandeurs d’asile. « L’accord-cadre 2012-2014 signé avec l’Etat place Adoma comme un acteur de référence sur ce secteur », note Bruno Arbouet. Adoma accompagne déjà 7 200 demandeurs d’asile dans 107 centres et ce chiffre devrait atteindre 8 000 fin 2012.
(1) Voir ASH n° 2726 du 30-09-11, p. 22.
(2) Voir ASH n° 2764 du 15-06-12, p. 9.