Quelles ont été les motivations de votre candidature à la FNARS ?
N’ayant pu m’engager dans ce type de mouvement durant ma vie professionnelle, j’ai voulu profiter de ma retraite pour m’y investir. Je considère en effet que la façon dont sont traités les 10 % des ménages les plus démunis est le test majeur de l’expression de la solidarité en France. Progressivement est venue l’idée que je pourrais assurer la présidence de la FNARS et j’ai décidé de présenter ma candidature en connaissant mes limites : je n’ai pas de pratique, même si je suis membre depuis peu du conseil d’administration de la Sauvegarde du Nord, et il n’est pas habituel de voir un ancien patron du CAC 40 à la tête d’une fédération associative ! Mais le vote du conseil d’administration montre une confiance qu’il me revient d’honorer.
On connaissait votre position sur les salaires des grands patrons, le fait que vous reversiez une partie de vos revenus à des associations caritatives… Quel regard portez-vous sur les politiques de lutte contre les exclusions ?
Je n’ai jamais employé le terme de caritatif, mais d’actions socialement utiles ! Les positions prises par la FNARS, en janvier dernier, montrent bien que la politique de lutte contre l’exclusion doit marcher sur ses deux pieds, celui de l’assistance, qui seule ne débouche pas sur une solution durable, et celui de la réinsertion, qui, seule, laisserait à l’écart une partie de la population. Cette nécessité est prolongée par l’idée qu’il faut que les personnes les plus démunies aient accès au maximum aux procédures de droit commun, quitte à ce que celles-ci manifestent plus de souplesse, plus de flexibilité.
Quels sont les messages que vous souhaitez porter en priorité ?
Tout d’abord que les plus pauvres ne soient pas les premières victimes des économies budgétaires. En tant que président de la FNARS, mon rôle est de dégager un consensus au sein du mouvement associatif, et d’exprimer cette voix. En attendant de m’atteler à ce travail, je m’inscris totalement dans les lignes dégagées lors du dernier congrès de la FNARS. Je souhaite développer ce que celui-ci a appelé « une vision moderne de la solidarité », qui s’appuie sur l’accompagnement social « global » des publics et le décloisonnement des dispositifs : entre l’hébergement et le logement comme entre l’insertion par l’activité économique et les entreprises classiques.
Comment concilierez-vous cette présidence avec votre fonction de commissaire général à l’investissement (1)?
C’est une mission qui m’a été confiée récemment, alors que le processus de ma candidature à la FNARS était bien engagé. Il m’appartient de concilier au quotidien ces deux responsabilités en termes d’emploi du temps et dans le respect de leurs contraintes respectives. Exprimer la parole de la FNARS et, en même temps, me plier à mon devoir de réserve suppose que je ne sois pas le seul porte-parole de la fédération. Il est clair que le rôle du directeur général, Matthieu Angotti, et des autres membres du bureau fédéral, sera plus important en termes de parole publique. Mais il n’y a pas beaucoup de frottement entre mes deux missions, hormis l’enveloppe du grand emprunt dédiée à l’économie sociale et solidaire. Je laisserai à mon commissaire adjoint le soin de s’en occuper.
Vous irez néanmoins rencontrer les ministres…
J’ai déjà un certain nombre de rendez-vous, avec Cécile Duflot, ministre du Logement, et Benoît Hamon, ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire. J’irai avec Matthieu Angotti et Nicole Maestracci, afin d’assurer au mieux le passage de relais.
(1) Il est chargé depuis le 6 juin de gérer les 35 milliards d’euros du « Grand emprunt » lancé durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.