A l’occasion de la journée internationale des Nations unies pour le soutien aux victimes de la torture, le 26 juin, le Centre Primo-Levi publie un « livre blanc » (1), résultat d’un travail collectif mené par des professionnels du soin, des chercheurs et des responsables associatifs sur la prise en charge médico-sociale de ce public. Ce « premier état des lieux sur la prise en charge et le soin des personnes victimes de torture exilées en France » souligne les carences des dispositifs actuels et émet des recommandations qui rejoignent celles portées par le réseau Samdarra (Santé mentale, précarité, demandeurs d’asile et réfugiés en Rhône-Alpes) dans un récent rapport auquel l’association a d’ailleurs contribué (2).
Invisible, cette population estimée à plus de 100 000 personnes – plusieurs centaines de milliers si l’on considère l’impact « transgénérationnel » des tortures et des autres formes de violence – n’est pas prise en compte dans les politiques publiques. Or son « importance numérique », la spécificité de ses troubles et de sa prise en charge, « ainsi que l’impact psychosocial sur l’entourage, en font un enjeu de santé publique majeur ». Le « livre blanc » promeut une approche pluridisciplinaire incluant une prise en charge médicopsychologique, mais aussi un accompagnement social et juridique (accès à l’hébergement, aux droits, à l’autonomie) qui garantisse les conditions du soin. Il préconise la nomination d’un référent institutionnel aux échelons national et territorial, chargé de la santé mentale des migrants, et d’inclure les victimes de torture et de violence politique dans les programmes de santé publique, notamment dans le plan de santé mentale. Il recommande de mieux soutenir financièrement les centres et consultations spécialisés (pas plus d’une dizaine de structures associatives existent sur le territoire) et l’émergence de centres de soins pluridisciplinaires dans les régions « prioritaires ». Mais une prise en charge adaptée doit aussi, souligne le « livre blanc », passer par un renforcement des capacités des structures de droit commun (permanences d’accès aux soins de santé, centres médico-psychologiques, centres médico-psycho-pédagogiques), notamment par la formation, l’accès à l’interprétariat et des conventionnements avec l’assurance maladie pour faciliter l’ouverture des droits.
(1) Disponible sur
(2) « Etat des lieux national de la prise en charge et de la prise en compte de la santé mentale des réfugiés et demandeurs d’asile au sein du dispositif national d’accueil » – Voir ASH n° 2763 du 8-06-12, p. 18.