Dans quel contexte menez-vous la recherche-action sur le thème « La médiation sociale et ses partenaires de proximité » ?
Nos métiers étant relativement jeunes – les premiers correspondants de nuit ont vu le jour il y a une quinzaine d’années –, il n’existe pas encore des standards de formation ou de fonctionnement dans les 40 villes partenaires. Chaque année, le Réseau des villes correspondants de nuit et de la médiation sociale met donc à l’ordre du jour des questions qui font l’actualité. En 2011, nous avons mené une recherche-action sur les différentes réponses que les médiateurs de quartiers apportent face aux troubles dans l’espace public ; l’année précédente elle traitait des actions dans les halls d’immeubles. Cette année, il est apparu de façon unanime que les relations entre les médiateurs et les autres professionnels – prévention spécialisée, psychiatrie, réussite éducative, bailleurs sociaux… – n’étaient pas satisfaisantes. Ici et là ont été mis en place des systèmes de partage d’information qui fonctionnent plutôt bien mais c’est insuffisant. Il faut aller au-delà du partage, des rencontres informelles et des échanges entre personnes de bonne volonté pour atteindre une véritable association de compétences permettant d’apporter des solutions pertinentes aux problèmes rencontrés sur la voie publique.
Comment se déroule cette recherche ?
Nous avons monté un comité de pilotage national et un conseil scientifique qui travaille avec six villes laboratoires : Ollioules (Var), Limoges, La Rochelle, Orléans, Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Evere (banlieue de Bruxelles, Belgique). Chaque ville partage ses expériences – celles où le partenariat s’est bien passé, celles où il s’est mal passé – concernant deux types de problématiques : les conflits de voisinage et les mineurs en errance. Nous regardons ensuite comment un partenariat de proximité peut devenir un travail d’équipe institué.
La recherche-action en est à mi-parcours. Quels premiers éléments se dégagent ?
Il apparaît de plus en plus clairement que les médiateurs ont un rôle d’alerte dans la cité. En effet, ces professionnels travaillent sur des espaces urbains et à des horaires où ils sont souvent seuls. Ils sont capables, par exemple, de percevoir quand un simple conflit de voisinage peut s’aggraver et interpeller les autorités. Il faut évidemment des conditions pour que la coopération avec les autres professionnels réussisse. D’abord un climat de confiance. Celui-ci se construit par une déontologie et des formations partagées. Il faut aussi être attentif au recrutement : un service de médiation stable favorise les échanges avec les autres acteurs. Enfin, il faut bien définir le cercle de ses partenaires et installer un partage des informations.
Quelle suite sera donnée à cette recherche ?
Nous organiserons au fil de l’année des séminaires sur les thématiques qui apparaîtront. Ce qui devrait donner lieu à un document pratique de modus operandi sur le travail de partenariat qui servira à toutes les villes partenaires. Quant aux six villes laboratoires, elles pourraient constituer une sorte de club qui aiderait six nouvelles villes à approfondir la problématique du travail partenarial l’année suivante.
Nous conduisons parallèlement un second atelier sur l’évaluation qui a vocation à converger avec celui sur le partenariat. L’évaluation permet de faire une synthèse de tous les outils qui existent au niveau local afin de travailler sur un socle commun. Elle permet aussi de faire émerger les différences entre les territoires urbains : ce qui peut paraître grave à Orléans ne l’est pas nécessairement à Ollioules.