La façade d’un immeuble est une entrée idéale pour raconter des tranches de vie. En montant à chacun des 12 étages, B4 raconte 12 histoires, celles des habitants de ce grand ensemble situé aux portes de Paris. Au 5e étage, il y a Samia, la comédienne rigolote et voilée. Au 12e, on sonne chez Mheni, qui passe ses journées à regarder ce qu’il se passe « en bas ». Au 6e vit Marcel, qui, après une séparation douloureuse, est retourné vivre chez sa mère âgée. Geneviève, au 11e, est installée à la cité depuis des décennies. Après avoir souffert du bruit de ses nouveaux voisins d’origine roumaine, elle s’est rapprochée d’eux et une amitié est née. Au 3e, Kélian, 16 ans, partage sa chambre avec son demi-frère et se souvient avec nostalgie des après-midi passés à jouer au foot en bas de l’immeuble. Quand certains se plaignent des trafics de drogue dans l’escalier, des pannes d’ascenseur, d’un sentiment d’enfermement, d’autres parlent de chaleur humaine, de partage intergénérationnel et culturel, et même de magie quand ils voient les fenêtres de la grande façade s’éclairer. Les vidéos sont classées par thèmes : « Intimité », « Famille », « Dehors », « La ville », etc. La navigation du webdocumentaire permet aussi de descendre dans les caves de l’immeuble. Là, on peut visionner une vidéo où chaque habitant se confie sur son objet fétiche – des baguettes de batterie, un bijou, et même un billet d’avion, celui avec lequel le locataire est arrivé en France en 1985 ! Reste à prendre l’ascenseur, « lieu intermédiaire entre l’espace public de la cité et l’intimité de l’appartement », dans lequel chacun raconte une anecdote de voisinage.
Ce webdocumentaire a été conçu par Jean-Christophe Ribot, qui a lui-même grandi dans un grand ensemble. Il révèle que la tour B4 n’existe pas et que les témoins du documentaire viennent en fait de villes différentes : Saint-Denis, Sarcelles, Clichy-la-Garenne. Ils ont en commun d’avoir accepté de partager avec le réalisateur leur intimité et d’avoir une vision pertinente de la vie en « zone d’habitation périphérique ». A travers leurs témoignages, Jean-Christophe Ribot a voulu montrer un autre visage de ces quartiers « trop souvent abordés sous l’angle du fait divers ou de l’étude sociologique ».
B4, c’est aussi un concours photo (ouvert jusqu’à la fin septembre) qui invite les internautes à raconter leur propre histoire de cité en isolant un lieu de leur environnement familier.
B4. Fenêtres sur tour – Jean-Christophe Ribot –