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« La jeunesse doit être une priorité politique », affirme le CESE

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Hasard du calendrier, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté le 12 juin un avis sur la précarisation croissante des jeunes et leur accès aux droits sociaux (1), le jour même où François Hollande, qui a fait de la jeunesse l’un des thèmes principaux de sa campagne présidentielle, y était reçu pour rappeler le rôle de cette assemblée dans la vie démocratique française. L’occasion pour le CESE de souligner que la jeunesse, frappée de plein fouet par ces dernières années de crise, doit rester une priorité politique.

Une génération plus précaire

C’est un bilan préoccupant qu’a dressé le rapporteur du texte, Antoine Dulin, délégué national aux Scouts et guides de France : la jeunesse est de plus en plus touchée par la précarité. Pour tirer un tel constat, la section du CESE chargée du rapport a choisi de substituer « à la notion de protection sociale proprement dite, qui couvre les risques maladie, famille, vieillesse…, […] la notion plus large de “droits sociaux” incluant l’accès au logement décent, à une formation qualifiante ou à un emploi stable ». Bilan : les inégalités persistent malgré l’allongement des études. Pire, les conditions de vie des jeunes se dégradent et le taux de pauvreté des 18-25 ans est en progression. En 2008, note le document, « 19 % des jeunes hommes de moins de 25 ans et 22 % des [jeunes] femmes vivaient en dessous du seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian de la population, soit 949 € par mois en 2011) ». La rupture familiale peut aussi faire basculer ces jeunes adultes, souvent dépendants financièrement de leurs parents, dans la grande pauvreté (2). D’autant que leur accès au travail est devenu plus aléatoire. Le CESE rappelle en effet que, en 2010, le taux de chômage des moins de 25 ans s’élevait à 20 % en moyenne, à 41 % dans les zones urbaines sensibles et à 50 % en outre-mer. Or moins de 50 % des jeunes au chômage perçoivent une allocation. Autre constat, les jeunes adultes ont de plus en plus de mal à accéder au logement. Et, faute d’argent, une partie d’entre eux néglige sa santé. Ainsi, selon une étude du centre technique d’appui et de formation des centres d’examens de santé, 65 % des jeunes peu ou pas qualifiés accueillis dans les missions locales n’ont toujours pas de couverture complémentaire santé plusieurs mois, voire plusieurs années, après leur sortie du système scolaire.

Renforcer l’information des jeunes

Or, pour faire face à ces difficultés, les jeunes doivent aujourd’hui apprendre à s’y retrouver dans le « millefeuille […] des dispositifs ». Le CESE préconise donc de renforcer l’accompagnement de ce public dans son accès aux droits sociaux en articulant les lieux d’information généraliste du réseau « Information jeunesse » et les structures du nouveau service public de l’orientation tout au long de la vie (site Internet, institutions labellisées), ou encore en allant au-devant de ces jeunes par des actions « hors les murs » et de la médiation sociale. Le nombre d’éducateurs de rue auprès des publics les plus fragiles doit être augmenté, estime également le Conseil. Et des permanences juridiques et sociales doivent être développées dans les missions locales.

L’instance propose aussi de valoriser, dans les conventions liant les missions locales à leurs financeurs, toutes les phases de l’accompagnement des jeunes les plus vulnérables (orientation, écoute, coordination avec les autres institutions…).

Améliorer la gouvernance des politiques de jeunesse

La gouvernance des politiques de jeunesse doit aussi être renforcée. Au niveau national, le CESE recommande notamment d’installer un Conseil d’orientation pour les politiques de jeunesse, sur le modèle du Conseil d’orientation des retraites. Il s’agirait d’un lieu d’évaluation, d’études et de concertation pour les acteurs chargés de la jeunesse, mais aussi d’un lieu prospectif chargé d’anticiper et de proposer les politiques à mettre en œuvre pour l’ensemble des jeunes. Un Haut Commissaire à la jeunesse, rattaché au Premier ministre, pourrait également être chargé d’articuler les politiques publiques de jeunesse.

Sécuriser les parcours d’insertion

D’autres pistes sont aussi envisagées pour sécuriser l’accès des jeunes à la santé et au logement. L’instance propose, par exemple, de développer un système de cautionnement solidaire « unique et obligatoire » pour favoriser l’accès au logement des jeunes ou encore de renforcer les structures d’accueil et de logement (foyers de jeunes travailleurs…).

Le CESE préconise également de redéployer les aides pour améliorer l’accès à la formation et à l’emploi. Du tri doit être fait dans les dispositifs existants afin de concentrer l’action et les budgets sur ceux d’entre eux qui sont les plus efficaces. Le rapport propose notamment d’abonder les financements du contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS) « afin de garantir à chaque bénéficiaire le versement de l’allocation prévue par les textes » et de revaloriser le montant de l’allocation versée. Ou encore d’assouplir les conditions d’accès au revenu de solidarité active « activité » pour les jeunes de moins de 25 ans ayant travaillé et d’instaurer « un droit à la qualification et à la formation pour tous, assorti d’une allocation ».

Notes

(1) Droits réels/droits formels : améliorer le recours aux droits sociaux des jeunes – Juin 2012 – Prochainement disp. sur www.cese.fr.

(2) Pour l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, 18 % des publics en grande difficulté sont des jeunes en rupture avec leur milieu familial.

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