Dans le cadre du plan de simplification du revenu de solidarité active (RSA) présenté en juillet 2010 (1), neuf départements se sont portés volontaires pour expérimenter avec Pôle emploi, durant l’année 2011, la mesure n° 9 sur l’accompagnement global. Un protocole d’évaluation y était associé, protocole dont les résultats font l’objet d’une publication de Pôle emploi (2).
L’accompagnement global permet, via un partenariat plus ou moins renforcé entre Pôle emploi et le conseil général, de rapprocher les dimensions sociale et professionnelle de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA.
Dans l’ensemble, l’étude montre que ce dispositif a pour effet une intensification du rythme des entretiens – au moins un par mois – et une augmentation du recours aux prestations de Pôle emploi (prestations liées à l’évaluation, à la simulation d’entretien et à l’orientation principalement). « Ce constat s’explique – selon Pôle emploi – par une meilleure communication sur le contenu et les modalités de mobilisation de ces prestations en direction des conseillers à l’emploi et des travailleurs sociaux. » Le recours à l’aide personnalisée pour le retour à l’emploi augmente également.
Conséquences : « près de 80 % [des personnes prises en charge dans le cadre d’un accompagnement global] trouvent satisfaisantes la fréquence et la durée des entretiens avec leur conseiller à l’emploi ». En revanche, « seuls 61 % [des bénéficiaires] estiment que ces entretiens répondent à leurs besoins et à leurs attentes ». Globalement, les allocataires concernés ont jugé « complémentaire » et « bénéfique » le maillage des deux accompagnements. Les personnes se sentent « mieux accompagnées » et ont ainsi l’impression d’avoir à leurs côtés toutes les personnes susceptibles de les aider. Elles considèrent également que « les problèmes sociaux sont mieux pris en considération par le conseiller Pôle emploi dans le cadre de la recherche d’emploi ». Par ailleurs, « les deux parties ont le même niveau d’information », ce qui « évite de refaire les démarches ».
Par ailleurs, l’expérimentation est considérée « comme une occasion de redonner aux travailleurs sociaux la possibilité de se réinvestir dans la prise en charge des populations, soit sur une durée plus longue, soit en allant au bout de l’accompagnement, mais en assurant un relais avec les référents professionnels ». En effet, la généralisation du RSA « a eu pour effet, selon les travailleurs sociaux, de resserrer leur intervention sur les populations en très grande difficulté au détriment de la mise en place de solutions concrètes permettant aux populations de sortir du RSA ». L’expérimentation leur permet de réinvestir le champ de l’accompagnement vers le monde professionnel. Autre effet non négligeable « concernant les équipes pluridisciplinaires, plusieurs territoires font état d’une diminution globale des dossiers de réorientation (vers le social ou vers le professionnel) ». Tendance qui « pourrait être le signe d’une orientation des bénéficiaires vers des formes d’accompagnements mieux adaptées à leurs besoins ».
Toutefois, reconnaît l’étude, la réussite de l’accompagnement global repose essentiellement sur la capacité des intervenants à décloisonner la sphère professionnelle et la sphère sociale. Cela suppose une connaissance réciproque des missions et des prestations de Pôle emploi et du conseil général, mais aussi « la levée du secret professionnel chez les travailleurs sociaux et la prise en compte des problématiques sociales de la part des conseillers à l’emploi grâce à un temps passé en entretien plus long ». Dans tous les cas, l’accompagnement global contraint les deux institutions à se doter d’un système d’information partagé clair et transparent et nécessite l’élaboration d’un système de pilotage partagé.
(2) Repères et analyses n° 38 – Avril 2012 – Disponible sur