Le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, l’avait annoncé. C’est désormais chose faite : « les rapports de l’inspection générale de l’éducation nationale (IGEN) et de l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) ont désormais vocation à être publiés. Cette transparence contribuera utilement au débat public sur la réussite éducative. » Une transparence rétroactive puisque 17 rapports de 2011 sont désormais accessibles sur le site du ministère (1), rapports qui balaient un vaste champ de thématiques dont certaines intéressent plus particulièrement le secteur de l’action sociale. D’autres documents, plus anciens, seront publiés dans les prochains jours, s’est engagé le nouveau ministre.
Certains de ces documents mettent en cause la pérennité même des dispositifs en place. C’est le cas notamment d’un rapport de juin 2011 sur le suivi de la mise en place des premiers « internats d’excellence ». Pour mémoire, créé en 2010 dans le cadre du plan « Espoir banlieues », « le dispositif s’adresse à des élèves méritants ne bénéficiant pas d’un environnement familial et social favorable à la réussite de leurs études, auxquels il est proposé un accompagnement ». Bénéficiant de moyens financiers importants, ces internats se sont fortement développés ces deux dernières années. Si le rapport reconnaît qu’il est encore prématuré de conclure sur l’intérêt pédagogique de ces structures, il pointe toutefois « certaines interrogations […] principalement sur le profil des internes accueillis, sur les actions mises en place à destination des internes, ou sur le bilan encore décevant des places dites “labellisées” ». Un dispositif trop cher, donc, qui n’a pas encore réussi à démontrer sa valeur ajoutée.
D’autres documents sont plus modérés. C’est par exemple le cas d’un rapport de juin 2011 sur la mise en œuvre du programme « collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite » (CLAIR) expérimenté, à la rentrée 2010, dans 105 collèges et lycées de dix académies (2) avant d’être étendu, en 2011, aux écoles et collèges des réseaux « ambition réussite » dans le cadre du programme « écoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite ». Si les deux inspections constatent certaines difficultés et imperfections qui ont accompagné l’expérimentation du programme – qui, pour mémoire, concerne les établissements concentrant le plus de difficultés en matière de climat scolaire et de violence –, « il n’en demeure pas moins que, dans un contexte d’inquiétude diffuse parmi nombre de personnels d’enseignement et d’éducation, et parfois d’une contestation des principes mêmes du programme CLAIR, cette année 2010-2011 a, par certains aspects, joué son rôle expérimental » : « le choix de ne pas “normer” trop vite, de laisser une marge de manœuvre aux académies et aux établissements, s’il a souvent dérouté, a cependant permis une maturation et des prises d’initiatives, qui ont quelquefois valeur d’exemple ».
Les classes pour l’inclusion scolaire (CLIS) visant à faciliter la scolarisation des élèves en situation de handicap dans les écoles ordinaires sont, quant à elles, plébiscitées par l’IGEN. Malgré des publics accueillis très hétérogènes, un rapport de septembre 2011 relève que « les CLIS jouent leur rôle dans le parcours des élèves qui y sont accueillis ». Globalement, poursuit-il, les élèves « y viennent avec plaisir », y travaillent, y progressent et « prennent confiance en eux-mêmes et en l’école ». « Les parents sont satisfaits » et « les enseignants rencontrés sont impliqués dans leur métier et souhaitent prolonger leur mission ». Toutefois, des interrogations demeurent. L’IGEN se demande notamment, au regard des disparités constatées entre les établissements, si les élèves accueillis sont bien ceux pour lesquels le dispositif est prévu. Par ailleurs, note-t-elle, la question de la sortie de ces classes doit encore être travaillée afin de mieux anticiper le parcours scolaire de chacun. Autres points à améliorer : l’évaluation des acquis et la validation des compétences, le rythme et l’emploi du temps des élèves ou encore la concertation avec les partenaires extérieurs à l’école.
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