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Les GEIQ à l’assaut du secteur médico-social

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Phénomène nouveau, pour répondre à leurs difficultés de recrutement, des associations du secteur médico-social commencent à créer des groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ). Exemple en Rhône-Alpes.

Que le secteur du bâtiment, connu pour ses difficultés de recrutement, se soit tôt saisi de l’outil GEIQ n’étonne personne. Que le médico-social s’en empare surprend davantage. Ce secteur remplit pourtant toutes les conditions avec des métiers en tension, peu qualifiés et peu attractifs alimentant un turnover important. « C’est une évolution récente et innovante qui n’a finalement rien d’étonnant », analyse Guillaume Couderc, responsable de projet au Comité national de coordination et d’évaluation (CNCE) des GEIQ.

Pionnier, le secteur de l’aide à domicile

En Savoie, sollicitées par l’UDAF (Union départementale des associations familiales), chargée d’animer depuis 1995 une mission d’accompagnement des services à la personne, sept associations agréées issues de différents réseaux nationaux (ADMR, UNA et FNAAFP) ont décidé de sauter le pas en créant le GEIQ ADI (aide à domicile en intégration) Alpin en mai 2010. « C’est un secteur qui emploie beaucoup de femmes qui reviennent sur le marché du travail autour de la quarantaine, souvent à temps partiel, avec des rémunérations faibles et une reconnaissance déficitaire. En sécurisant les parcours professionnels, le GEIQ leur permet d’entrer dans ce secteur par choix, et non par défaut », explique Christophe Dubois, directeur général de l’UDAF de Savoie qui assure désormais, via une convention, la gestion et l’animation du GEIQ.

Premier diplôme visé pour les salariés en contrat de professionnalisation (un jour en formation, quatre jours en immersion sur le terrain) : le titre d’assistant de vie aux familles. Avec une singularité : un tutorat professionnel consolidé. « L’accompagnement professionnel existe certes dans tous les GEIQ mais il nous a fallu le renforcer pour répondre aux spécificités du secteur de l’aide à domicile où la personne travaille seule chez des particuliers », explique Christophe Dubois. Afin de garantir un suivi de qualité, des binômes – la personne en formation et une aide à domicile expérimentée – ont été mis en place grâce au soutien financier de l’organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) de la branche, Uniformation, qui s’est engagé à financer 200 à 225 heures de tutorat professionnel par personne et par an (beaucoup plus qu’un GEIQ classique).

Malgré un atout considérable (puisqu’il s’appuie sur l’UDAF dont l’infrastructure existait déjà), le GEIQ ADI Alpin n’est toutefois pas encore tout à fait sûr d’atteindre l’équilibre financier. Pour le démarrage, il a pu bénéficier de diverses subventions (Direccte, conseil général, conseil régional, Agence nationale des services à la personne…). Mais son financement repose essentiellement sur les mises à disposition de salariés aux associations adhérentes. D’où l’importance de trouver d’autres structures prêtes à rejoindre le GEIQ. La possibilité, pour les centres communaux d’action sociale, de participer plus largement au dispositif (1), pourrait changer la donne.

Dans l’Ain, ce sont les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) qui ont compris l’intérêt de l’outil GEIQ. Avec une particularité : pour tenir compte de la diversité des statuts des structures, il a fallu créer deux GEIQ – l’un composé d’entreprises commerciales, l’autre d’associations loi 1901. Pour des raisons liées notamment à la fiscalité, aux conventions collectives et au cloisonnement des OPCA, un groupement d’employeurs ne peut pas, en effet, mélanger en son sein les unes et les autres. Regroupés dans une association commune qui leur permet de mutualiser l’accompagnement social, les GEIQ Alphée Rhône-Alpes se sont ainsi constitués en 2009 à l’initiative de quelques EHPAD. Objectif : lutter contre le fort turnover des salariés – accentué par la proximité de la Suisse qui « happe » le personnel du fait de salaires plus élevés – en professionnalisant le secteur. L’idée de départ consistant à répondre aux besoins d’hôtellerie dans les structures (plonge, service en salle…) s’est très vite étendue aux métiers du secteur médico-social proprement dit : aide médico-psychologique (AMP), aide-soignant, maîtresse de maison, assistant de vie aux familles… Le processus qui a conduit aux GEIQ n’a pas été facile. Mais les atouts du dispositif l’ont finalement emporté. Concrètement, le parcours de formation débute par une formation de dix-huit semaines financée par la région Rhône-Alpes qui offre la possibilité aux personnes de tester leur motivation pour les métiers liés à la dépendance. Si le résultat est concluant, un contrat de professionnalisation (ou un contrat d’apprentissage) est signé avec le GEIQ. Les salariés du GEIQ bénéficient alors d’une formation d’une durée de un à deux ans tout en assurant des remplacements dans les services hôteliers et paramédicaux des EHPAD dans lesquels ils ont vocation à être embauchés à l’issue de leur qualification. Spécificité par rapport aux GEIQ d’autres secteurs : certaines formations médico-sociales nécessitent une mise à disposition auprès d’un employeur unique (la formation d’AMP requiert par exemple 700 heures de stage dans un même établissement).

Des projets à l’étude

Compte tenu des besoins, ces deux initiatives, qui suscitent curiosité et intérêt, devraient rapidement faire boule de neige. Près de deux ans après la création du GEIQ ADI Alpin qui compte déjà une quinzaine d’associations adhérentes, un département voisin, la Haute-Savoie, réfléchit à la duplication de la formule alors que, parallèlement, d’autres projets sont à l’étude en France. Quant aux GEIQ Alphée Rhône-Alpes, certains EHPAD de Haute-Savoie y adhèrent déjà et des établissements du Rhône devraient suivre…

A terme, des collaborations entre les EHPAD et les structures de l’aide à domicile sont sans doute à envisager – par exemple, l’orientation d’une personne ayant suivi un parcours au sein d’un GEIQ EHPAD vers un employeur du secteur de l’aide à domicile. D’autant que de nombreuses autres fonctions sont susceptibles d’être concernées au-delà des AMP et des assistants de vie aux familles : surveillant-visiteur de nuit en secteur médico-social, auxiliaire de gérontologie, voire, même si le niveau d’entrée est plus élevé, auxiliaire de vie sociale ou aide-soignant…

Notes

(1) A la suite du vote de la loi du 28 juillet 2011 pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels, dite loi « Cherpion » – Voir ASH n° 2719-2720 du 22-07-11, p. 22.

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