Une offensive plus importante et plus coordonnée du Syneas de la FEHAP et de la Fegapei sur l’évolution des rémunérations des salariés et sur le financement des associations du secteur associatif social et médico-social. C’est ce qu’appelle de ses vœux le GNDA (Groupement national des directeurs généraux d’association) dans une lettre ouverte adressée le 3 mai aux présidents des trois syndicats d’employeurs.
Son angle d’attaque : la « dégradation des conditions de vie des salariés des associations d’action sociale », aggravée ces dernières années par « l’absence de résultats satisfaisants des négociations salariales annuelles, elles-mêmes conditionnées par une position irréaliste des pouvoirs publics ». L’association, qui refuse une « position démissionnaire vis-à-vis des responsabilités employeurs », dénonce une situation désormais connue : une partie des salariés, parmi les moins qualifiés, se retrouve dans une situation de précarité semblable à celle des populations qu’ils accompagnent. Certains dorment dans leur voiture, demandent des acomptes renouvelés tous les mois… « En tant qu’employeurs, nous constatons une multiplication par trois des saisies sur salaire depuis deux ans, signe évident d’un accroissement des difficultés financières », précise Philippe Richard, président du GNDA. Au-delà, la faible évolution de la masse salariale consentie par l’administration pour 2012 (0,8 %) met en péril la qualité et le volume des prestations d’action sociale, ajoute-t-il. « Alors que le GVT (hausse mécanique des salaires par l’effet de l’ancienneté) est de 1 %, nous n’avons même pas la base financière pour suivre l’augmentation légale des salaires. Jusqu’où peut aller cette rigueur ? Elle risque de nous mettre face des difficultés qui nous obligent à réduire le nombre de salariés. » Egalement pointés du doigt : les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM), « d’abord des outils de contrôle qui prennent peu en compte les perspectives de développement et les besoins des populations ».
Certes, les syndicats d’employeurs n’ont pas manqué de condamner la faible évolution de la masse salariale pour 2012. Après avoir alerté les politiques et les administrations sur les conséquences de la conférence salariale, le Syneas a été reçu par les conseillers sociaux des anciens locataires de l’Elysée et de Matignon.
Mais les directeurs attendent un changement de braquet. « Il y a une vraie impatience à l’égard d’une reconnaissance du secteur », insiste Philippe Richard. Ce qui implique de sortir des divisions. « Nous attendons des syndicats d’employeurs représentant nos associations qu’ils cherchent les conditions de plateformes communes d’exigences vis-à-vis des pouvoirs publics en matière de progression salariale et qu’ils se rapprochent des syndicats de salariés pour dégager les convergences nécessaires d’évolution des rémunérations du secteur ; celles-là même qui ont manqué à la rénovation de nos conventions collectives », enjoint dans son courrier le président du Groupement national des directeurs généraux d’association.
Au-delà de prises de positions politiques en faveur des salariés du secteur comme des usagers, l’association de directeurs affirme « la nécessité de progresser vers un nouveau pacte social dont [la] branche professionnelle, représentée aujourd’hui par l’Unifed [1], doit assurer la promotion ». Le financement pérenne des associations « impose une telle démarche en complémentarité des négociations avec les pouvoirs publics et une meilleure visibilité de notre branche à travers une convention collective unique devenue indispensable », plaide-t-il.
(1) Qui réunit aussi la Croix-Rouge française et la Fédération française des centres de lutte contre le cancer.