Changer de stratégie ou sortir du terrain : c’est l’ultimatum qu’ont lancé les participants à la XIe rencontre européenne des personnes en situation de pauvreté aux dirigeants européens, les 10 et 11 mai à Bruxelles. A l’ouverture de la réunion, ils ont agité des centaines de cartons rouges pour protester contre les mesures d’austérité actuellement en vigueur dans l’Union. « Les politiques actuelles de lutte contre la crise ne font qu’augmenter la pauvreté et l’exclusion sociale. Nous ne nous sommes jamais sentis aussi découragés et abandonnés par ceux qui prétendent être de notre côté, travailler pour nous et avec nous », a expliqué l’italienne Sabrina Emilio, au nom de toutes les personnes ayant une expérience directe de la pauvreté et du sans-abrisme. Et de poursuivre à l’attention du commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Inclusion, Laszlo Andor, et du secrétaire permanent adjoint aux affaires sociales, Jesper Brask Fischer, tous deux présents à la réunion : « Aujourd’hui, en agitant ce carton, nous voulons mettre en évidence votre incapacité à prendre au sérieux les engagements que vous avez signés lorsque vous vous êtes accordés sur l’objectif de réduction de la pauvreté [1]. »
La rencontre a mis en exergue une détérioration de la situation sociale dans l’UE, notamment une augmentation du nombre de sans-abri. Selon le comité de la protection sociale, au cours de l’année 2010, 345 000 personnes supplémentaires par rapport à l’année précédente sont tombées dans un dénuement matériel extrême. Les quelque 150 participants provenant de 30 pays européens ont donc revendiqué le droit au logement, une politique d’éradication du sans-abrisme et des politiques économiques et sociales parvenant à réduire – et non à augmenter – le fossé des inégalités en Europe. « Nous n’avons jamais pensé que les rencontres européennes des personnes en situation de pauvreté étaient la solution à tous les maux. Mais nous savons qu’elles sont une occasion, peut-être unique, de faire entendre notre voix, d’avoir une incidence directe sur les politiques futures qui nous touchent de près, et qui touchent l’ensemble de la société aussi », a déclaré Sabrina Emilio. La présidence danoise a affirmé « comprendre et respecter ce carton rouge ». Le commissaire européen s’est quant à lui prononcé en faveur d’une « méthode de consolidation fiscale intelligente, plutôt que de l’austérité pure et dure ».
(1) C’est-à-dire sortir au moins 20 millions de personnes de la pauvreté d’ici à 2020.