BÉBÉS À LA RUE. Sarah Stern est psychiatre périnatale, praticienne hospitalière à la maternité de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Dans son service, en 2011, son équipe a reçu 116 mères qui sont sorties de l’hôpital sans hébergement. Avec ou sans rendez-vous, l’émission médicale de France Culture, présentée par Olivier Lyon-Caen, a voulu en savoir plus sur ces femmes sans domicile fixe. Qui sont-elles ? Quelle grossesse vivent-elles et quelles sont les conséquences de la vie à la rue pour leur nouveau-né ? L’interview avec la psychiatre permet de mieux comprendre cette prise en charge particulière.
Particulière, d’abord, parce que ces grossesses sont peu suivies – les patientes en errance n’ayant pas de maternité de référence. Quand, de surcroît, elles sont sans papiers, elles craignent de se rendre à l’hôpital et y arrivent souvent pour la première fois au moment des contractions. « Ce qui peut avoir des conséquences médicales graves car elles n’ont pas eu de consultations d’anesthésie ni de bilan sanguin », spécifie Sarah Stern. Les femmes SDF, même si elles investissent leur grossesse – rares sont celles qui souhaitent abandonner leur enfant –, ne sont pas du tout préparées à l’arrivée du bébé : elles n’ont pas choisi de prénom, n’ont pas de layette, etc. Après l’accouchement, même si le service spécialisé de l’hôpital Delafontaine tente de les garder quelques jours de plus que les autres mères, les mères sans abri partent généralement vers le 115 « alors même que le post-partum est une période de grande fragilité ». Les enfants vivent alors dans des conditions anxiogènes, sont souvent gavés (les mamans les nourrissent pour qu’ils ne fassent pas de bruit ou parce qu’elles ont elles-mêmes faim), sans socialisation. Un départ dans la vie chaotique. Outre ces enseignements, l’émission liste les trop rares réseaux de soutien mis en place pour ces femmes. Le plus gros reste à faire…